Il ne se passe, décidément, plus une semaine sans que les assureurs français n’annoncent des investissements majeurs. Hier, c’est le tout nouveau Fonds stratégique de participations (FSP) qui a frappé fort en indiquant avoir franchi le seuil des 5 % au capital du groupe de petit électroménager SEB et du chimiste Arkema. Il s’agit là des premiers investissements «  significatifs » de ce véhicule, créé en 2012 par BNP Paribas Cardif, CNP Assurances, Crédit Agricole Assurances et Sogécap (la filiale d’assurance-vie de la Société Générale). Cette société d’investissement détient 6,05 % d’Arkema et 5,25 % de SEB. Ses membres n’ont pas voulu divulguer le montant total de ces opérations – ces deux participations valent entre 400 et 500 millions d’euros. Au-delà des titres qu’ils pouvaient déjà détenir dans ces deux sociétés, ils en ont acheté d’autres sur le marché. « Nous n’avons pas d’engagement formel de durée de détention. Mais nous sommes, par construction, des investisseurs de long terme, et les portefeuilles des compagnies d’assurances ne tournent pas beaucoup », précise Eric Lombard, le président du FSP et PDG de BNP Paribas Cardif. Des administrateurs indépendants Réalisés « en concertation » avec SEB et Arkema, ces investissements permettent au FSP d’entrer à leurs conseils d’administration, où il sera représenté par des administrateurs indépendants. « Nous avons vocation à rester au capital assez longtemps. Il faut donc être à l’aise avec la stratégie de long terme de ces entreprises. Ce qui explique pourquoi nous devons être présents à leurs conseils d’administration », précise Antoine Lissowski, directeur général adjoint de CNP Assurances. Dans un communiqué commun, les quatre assureurs soulignent que « ces participations bénéficient d’un management de qualité, d’un modèle robuste et d’une gouvernance forte, offrant des perspectives de développement de long terme ». Géré par le groupe Edmond de Rothschild, le FSP veut être un actionnaire « important » des entreprises françaises du SBF 250. Il disposait pour commencer d’une enveloppe de 1 milliard d’euros, qui n’a donc, pour l’instant, pas été entièrement consommée. « Nous avons des discussions avec un certain nombre d’émetteurs, nous sommes dans notre plan de marche », indique Eric Lombard, sans donner de détail sur les cibles potentielles ni sur le calendrier. « En étant à quatre, nous pouvons croiser nos analyses, et ainsi réduire le risque de nous fourvoyer. Il nous faut éviter un écueil : que le FSP soit le réceptacle de lignes dont d’autres investisseurs voulaient se défaire. Nous sommes donc dans une logique d’investisseurs patients », souligne Antoine Lissowski. Les quatre assureurs « souhaitent orienter une partie de l’épargne longue, détenue au sein de l’assurance-vie, vers des investissements en actions, compatibles avec leurs passifs de longue duration. » L’environnement de taux bas actuel pousse aussi les assureurs à rechercher d’autres types de placement plus rentables.