La naissance du deuxième pôle d’assurances italien ne sera pas compromise par le « scandale Ligresti ». Du moins, dans un premier temps. Huit jours après l’arrestation surprise de Salvatore Ligresti, quatre-vingt-un ans, l’actionnaire historique de FonSai, et de ses deux filles, le régulateur italien des assurances, Ivass (Istituto per la Vigilanza sulle Assicurazioni), a donné son feu vert, à la veille du week-end, à son sauvetage par Unipol. La décision devrait permettre d’accélérer le 1,7 milliard d’euros de cessions d’actifs imposés par l’autorité antitrust.

Le feu vert reste, toutefois, conditionné par un « renforcement de la gouvernance » du groupe, au vu de la « complexité opérationnelle et de la dimension de la nouvelle entité issue de la fusion ».

«  Le parcours de renforcement de la gestion lancé par le groupe Unipol devra se poursuivre avec vigueur », souligne le communiqué de l’Ivass, en insistant, en particulier, sur le renforcement des contrôles internes en matière d’investissements et de réserves. Cette décision intervient six mois après la création du nouveau régulateur des assurances (désormais présidé par l’actuel directeur général de la Banque d’Italie, Salvatore Rossi), qui a été mis en place en janvier dernier en vue de remédier aux graves défaillances de son prédécesseur : l’Isvap, présidé par Giancarlo Giannini. Celui-ci est accusé d’avoir fermé les yeux sur plusieurs opérations douteuses imputables à la famille Ligresti, aujourd’hui accusée d’avoir creusé un « trou » de 538 millions d’euros dans les réserves de la compagnie.

Lancée il y a un an déjà, la naissance du deuxième pôle d’assurances italien prévoit, en réalité, le rapprochement de quatre entités : Unipol Assicurazioni, Fondiaria Sai, Premafin (la société de Salvatore Ligresti) et Milano Assicurazioni. Parmi les griefs retenus contre les membres de la famille Ligresti – arrêtés le 17 juillet à Milan, à l’exception du fils Paolo, résident en Suisse -, ceux-ci se voient accuser d’avoir détourné à leur profit quelque 253 millions d’euros de dividendes et d’avoir réalisé plusieurs opérations immobilières douteuses, tel l’achat de la chaîne hôtelière Atahotels.

A l’issue de la fusion, UnipolFonSai représentera le deuxième pôle d’assurances italien et numéro un dans le secteur dommages avec un total de primes de 16,8 milliards d’euros (dont 6,2 milliards dans le secteur vie).

Ultime étape : l’assemblée de Milano Assicurazioni – une des plus anciennes compagnies italiennes contrôlée à 60 % par FonSai – doit encore approuver l’opération.

Pierre de Gasquet, Les Echos
Correspondant à Rome