Le butin atteindrait quelque 103 millions d’euros, un record pour un braquage en France. Le vol intervenu au Carlton dimanche ne devrait toutefois pas mettre en péril la maison Lievev, réputée pour ses diamants et organisatrice de l’exposition-vente au palace de Cannes. Son montant devrait en effet être remboursé dans son intégralité par les assurances. Selon un connaisseur du secteur, la société Lievev a en effet souscrit un contrat auprès des Lloyd’s via le courtier Gallagher à Londres, et ce sinistre est instruit par le cabinet d’expertises SW Associates.

«  Tous les contrats d’assurance sont particuliers. Mais en principe, les vols avec agressions, qui plus est à main armée, sont assurés, souligne Jacques Lemoine, directeur du Département Fine Arts chez le courtier Gras Savoye. Il existe un contrat d’assurance, dit de “globale-bijouterie”, qui couvre les bijoux lorsqu’ils sont dans le magasin. Il est possible d’y ajouter des clauses permettant d’étendre cette couverture lorsqu’ils sont exposés dans d’autres lieux. Dans ce cas précis, si la société Lievev expose ainsi ses bijoux, c’est que la compagnie d’assurances a forcément donné son accord. »

Toutefois, certaines circonstances du sinistre pourraient entrer dans le champ des exclusions du contrat. Selon Reuters, le malfaiteur serait rentré par une porte-fenêtre qui aurait dû être verrouillée. Contrairement à la tradition, la vente et l’importance des marchandises exposées n’ont en outre pas été signalées à la police locale, selon « Le Parisien ». «  Le vol s’est passé en pleine journée, donc c’est une agression, même s’il y avait une porte entrouverte. Concernant le signalement à la police, c’est d’usage que cela se fasse, mais ce n’est en rien une obligation contractuelle. A priori, le braquage devrait donc être couvert par l’assurance », tempère Jacques Lemoine.

Le remboursement devrait cependant prendre un peu de temps. «  Lors de ce type d’affaires, où le sinistre sort vraiment de l’ordinaire, le remboursement intervient en moyenne deux à quatre mois après les faits. En général, cela se définit en fonction de l’avancement des recherches de la police », poursuit Jacques Lemoine. Quid des bijoux si jamais ils sont retrouvés dans quelques mois, comme dans l’affaire du braquage de la joaillerie de Luxe Harry Winston en 2009, et que la société Lievev a déjà été indemnisée ? «  Ils appartiendront alors aux assureurs mais ils ont l’obligation de les proposer en priorité aux propriétaires pour le montant versé à l’époque. Cependant, ces derniers sont en droit de refuser le rachat et de conserver leurs indemnités d’assurance », répond Jacques Lemoine.

N. Ri.