Tout, sauf une urgence. Le projet de rapprochement en cours entre le groupe paritaire de protection sociale Réunica et l’un de ses trois alter ego, AG2R La Mondiale, Apicil ou Malakoff Médéric, s’apparente à une course de fond. Entre le moment où il a annoncé avoir identifié trois partenaires possibles, début janvier, et le moment où il leur a envoyé le cahier des charges, en juin, il s’est déjà passé près de six mois. Les candidats ont jusqu’à début octobre pour répondre à un dossier de consultation de 36 pages.

Très discret depuis le début du processus, le groupe donne un premier aperçu du calendrier. « Le choix du groupe retenu ne se fera pas avant le premier trimestre 2013. Il y aura alors sans doute des éléments à compléter et à redéfinir. Ce n’est qu’ensuite seulement que nous pourrons écrire une lettre d’intention commune », précise Jean-Marc Robinet, directeur général depuis le 1 er juillet. Il faudra ensuite compter un an pour monter le dossier auprès des fédérations Agirc et Arcco et du Centre technique des institutions de prévoyance, qui ne devraient pas rendre leur avis avant l’automne 2014.

« Nous n’avons pas de préférence particulière entre ces trois groupes. Si nos politiques les ont identifiés comme des partenaires potentiels, c’est qu’ils ont un ADN déjà compatible avec le nôtre », affirme Jean-Marc Robinet, même si Réunica a des liens informatiques étroits avec AG2R La Mondiale.

Un groupe « fort et équilibré »

Ce rapprochement devrait être l’un des derniers dans le vaste jeu de recomposition du monde de la protection sociale. Il donnera naissance à un nouveau groupe avec une seule association sommitale composée de représentants des deux bords. « Il ne s’agit pas d’une fusion-absorption, avec un groupe qui disparaîtrait derrière un autre », précise le dirigeant. « Nos entités de retraite supplémentaire fusionneront, mais pas nos institutions de prévoyance. Nous conserverons donc nos marques respectives », annonce-t-il.

Pour Réunica, l’objectif est de constituer un groupe « fort et équilibré » dans les domaines de la retraite, de la prévoyance et de l’assurance de personnes. S’il est le numéro trois en retraite complémentaire Agirc-Arrco (6,93 milliards d’euros de cotisations perçues en 2011), il est aujourd’hui loin d’avoir la taille critique en assurance de personnes (620 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, dont 440 millions en santé et 180 millions en prévoyance).

« Aujourd’hui, nous sommes mécaniquement trop petits en assurance de personnes pour aller plus loin dans nos innovations. Ce rapprochement doit nous permettre de proposer de nouveaux services, comme les réseaux de soins, qui sont désormais demandés par certains courtiers dans les appels d’offres. Or, ils sont relativement onéreux », explique Jean-Marc Robinet. Autre avantage présenté par les trois groupes, ils sont tous positionnés sur l’épargne retraite, une activité encore marginale chez Réunica.

De son côté, Réunica apporte dans la corbeille des fonds propres « relativement significatifs »(708 millions d’euros en assurances de personnes et 380 millions de fonds de gestion en retraite complémentaire Agirc-Arrco). En 2011, son chiffre d’affaires en assurances de personnes a progressé de 8 % pour un résultat net légèrement négatif (- 28 millions), les administrateurs d’Arpège ayant décidé de ne pas répercuter dans les cotisations l’impact de la réforme des retraites.

LAURENT THÉVENIN, Les Echos