Le paquebot français de l’assurance-vie est suffisamment armé pour affronter le gros temps. « Il n’y a pas le début d’un dossier au sein de CNP Assurances pour étudier la nécessité d’une recapitalisation », a assuré vendredi, lors de la présentation des résultats semestriels du groupe d’assurances, Antoine Lissowski, son directeur général par intérim.

Le stock de sa provision pour participation aux excédents (PPE), qui fonctionne comme un airbag en cas de coup dur, atteignait 2,8 milliards d’euros au 30 juin, niveau quasiment équivalent aux 2,9 milliards d’euros qui prévalaient fin 2010, avant la crise grecque. Quant au ratio de solvabilité, il était de 150 % fin juin selon les nouvelles normes Solvabilité II. «  Le système encaisse moins de primes et plus de sorties mais notre socle de robustesse continue à bien fonctionner », a souligné Antoine Lissowski. C’est en effet moins le flux d’épargne que le stock d’encours moyen de 290,2 milliards d’euros qui fait la puissance de CNP Assurances. Son chiffre d’affaires a ainsi reculé de 13,1 % sur un an au premier semestre, pour atteindre 13,3 milliards d’euros, mais grâce aussi à un recul de 2,5 % de ses frais de gestion, le groupe a réussi à dégager des profits quasiment stables de 540 millions d’euros. Cette performance a été saluée par les marchés, le titre de CNP Assurances ayant clôturé vendredi en hausse de 4,31 % à 8,502 euros.

Poursuite de la diversification

L’assureur, dont l’activité d’épargne constitue deux tiers de ses revenus, estime avoir surtout pâti de «  la concurrence des produits bancaires sur l’ensemble des zones d’implantation ». Les banques multiplient en effet les offres de produits d’épargne susceptibles de renforcer les dépôts qu’elles doivent conserver dans leur bilan pour respecter les nouvelles contraintes réglementaires. Les performances de ses deux grands réseaux distributeurs, La Banque Postale et les Caisses d’Epargne illustrent cet état de fait : l’essentiel des 718 millions d’euros de décollecte en assurances-vie en France provient de la banque mutualiste, dont le chiffre d’affaires a reculé de 26,9 % au premier semestre. De son côté La Banque Postale, seul acteur de la place à disposer d’une excédent de liquidités, a limité la baisse à 0,6 %.

Pour renforcer ses fondamentaux et compenser la désaffection des clients pour les produits d’épargne longue, CNP Assurances promet de poursuivre sa diversification vers les activités de prévoyance et de couverture de prêts qui offrent de meilleures marges mais ne représentent que 19,5 % du chiffre d’affaires. Ces deux activités ont vu leur chiffre d’affaires progresser respectivement de 10,5 % et de 3,4 % au cours du premier semestre.

N. R.