« La jolie petite maison de l’horreur »… C’est ainsi que le groupement des entreprises mutuelles d’assurance (GEMA) a intitulé sa campagne de prévention des accidents domestiques diffusée en début d’année. En effet, selon les chiffres publiés mardi par l’Institut de veille sanitaire, les accidents de la vie courante (chutes, noyades, intoxications, électrocutions…) ont causé 19.703 décès en 2008 (derniers chiffres connus). Soit presque cinq fois plus que le nombre de morts sur la route (4120 entre juin 2011 et 2010) ! La majorité des décès touche les seniors et les enfants, la cause première des accidents de la vie courante étant la chute. Chez les enfants de 1 à 14 ans, les accidents domestiques représentent même la première cause de décès. Et dans une période propice au barbecue, à la baignade, et au bricolage, la vigilance est de mise. L’Institut relève que « de nombreux décès pourraient être évités par des mesures de prévention et de réglementation adaptées ». C’est bien ce à quoi s’emploient les assureurs, notamment pour diminuer le montant des indemnisations liées à l’hospitalisation. « Le budget consacré à la prévention des accidents de la vie courante a sensiblement augmenté. C’est un véritable enjeu de société », constate Bernard Benoît, président de Prévention Maif. Car il n’est pas loin le temps où les assureurs n’engageaient aucune mesure de prévention à ce sujet. Maif y consacre 1/3 de son budget total de prévention. Elle a par exemple monté un spectacle de théâtre sur ce thème à destination des jeunes enfants, « Bobo doudou ». La Maif fera agréer, fin août, par l’Éducation nationale un DVD, qui sera distribué dans toutes les écoles. Axaaussi déploie les grands moyens : fin 2010, l’assureur a diffusé un spot télévisuel de sensibilisation sur les accidents domestiques, « Soyons prévoyants », et monté des animations dans 25 centres commerciaux avec la Protection civile. L’assureur dispose d’un budget de plus de 3 millions d’euros sur 2010 et 2011. Grande cause nationale ? Mais contrairement à la Sécurité routière, dotée de moyens de communication importants, les accidents de la vie courante n’ont pas d’entité nationale dédiée. Si les assureurs se sont engagés à allouer 0,5 % du montant de leurs cotisations automobiles à des actions de sensibilisation à la sécurité routière, ils n’ont aucune obligation pour les accidents de la vie courante. Ce n’est pas faute de pousser en ce sens. Les assureurs militaient pour que les accidents domestiques soient reconnus grande cause nationale en 2011. Les pouvoirs publics ont finalement retenu la solitude. Mais si les assureurs ont augmenté leurs actions de prévention, ils ne pourront pas faire de miracles sans une incitation des pouvoirs publics. Laura Fort