Comment les banques peuvent-elles agir sur les problèmes de sécheresse des agriculteurs ? Dès le 30 mai, nous avons mis à la disposition des agriculteurs 700 millions d’euros de prêts de trésorerie. Mais cette avance n’a pas encore été très utilisée jusqu’ici. Il faut dire que les camions de paille ne sont pas encore arrivés dans les exploitations. Mieux vaut concentrer tous les moyens sur les situations qui le nécessitent vraiment au lieu de céder à la tentation d’arroser tout le monde. Quant aux reports des annuités bancaires annoncés par Nicolas Sarkozy, ils ne peuvent pas tout régler. Beaucoup d’agriculteurs ne sont pas endettés et sont pourtant sur le fil du rasoir. Je pense notamment aux éleveurs bovins. Le traitement bancaire va certes résoudre des difficultés mais il n’est pas la solution à tous les problèmes. Quelle doit être la place de l’assurance ? Il y a certes la couverture sur les marchés financiers pour se prémunir de la grande volatilité de certaines matières premières, comme le blé. Mais tout le monde ne peut pas aller sur le Matif. L’assurance est aussi une protection essentielle pour le monde agricole. A côté de l’assurance-récolte, nous espérons lancer en 2012 une assurance sur fourrages, qui est nécessaire à l’activité des éleveurs. Nous réfléchissons également à un produit d’assu-rance-chiffre d’affaires, comme le font certains de nos concurrents. D’autant plus que nous sommes entrés dans un système où il n’y a quasiment plus de régulation des prix. Il faut savoir qu’une volatilité de 15 euros sur le prix d’une tonne sur une seule journée peut se traduire par une variation de 15.000 euros sur le chiffre d’affaires en fin d’année ! Mais si nous lançons un tel produit, cela aura nécessairement un coût. Le monde agricole reste peu assuré aujourd’hui… C’est vrai, il y a à peine 70.000 contrats d’assurance-récolte au total alors que la France compte plus de 450.000 exploitations. Les agriculteurs n’ont pas l’habitude de s’assurer. Et si la souscription des contrats d’assurance-récolte est encou-ragée par les pouvoirs publics, sous la forme d’une prise en charge substantielle des cotisations, les conditions pour en bénéficier sont très strictes. C’est pourquoi il faut développer l’offre et la faire connaître. Le Crédit Agricole, via Pacifica, est clairement en phase de conquête sur ce marché. La sécheresse va-t-elle peser sur les tarifs de l’assurance agricole ? Une chose est sûre, ils ne baisseront pas. L’impact sera-t-il pour autant à la hauteur des sinistres ? Je ne le pense pas. Quand une activité montre qu’un risque est récurrent et qu’il peut être d’ampleur, les réassureurs durcissent généralement leurs prix ou les conditions d’accès à leurs contrats. Nous nous attendons en effet à un relèvement. Propos recueillis par Laura Berny et Laurent Thévenin, Les Echos