Et de sept ! La collecte d’assurance-vie a enchaîné en juin son septième mois consécutif de recul (-  8 %). Au premier semestre, la baisse des cotisations collectées a atteint 11 %, à 69,3 milliards d’euros, selon les statistiques publiées hier par l’Association française de l’assurance. 

Ces mauvais chiffres s’expliquent par un environnement guère favorable jusqu’ici pour l’un des placements préférés des Français. L’incertitude qui a longtemps plané sur son cadre fiscal l’a évidemment desservi, poussant les épargnants à un certain attentisme. Tout comme le choix fait par certains bancassureurs -les principaux acteurs en assurance-vie -de privilégier l’épargne bancaire dans l’optique de Bâle III (lire ci-dessous). Dans ce contexte, l’annonce de rendements moins attractifs pour les fonds en euros (qui ont rapporté 3,40 % en moyenne en 2010, soit un quart de point de moins qu’en 2009) et les craintes sur les obligations d’Etat dans la zone euro n’ont évidemment rien arrangé.

Rachats et retraits partiels

S’ils ont moins alimenté leurs contrats, les assurés ont également davantage pioché dedans, notamment pour compléter leurs retraites. Les prestations, qu’ils s’agissent de rachats totaux ou de retraits partiels, n’ont cessé d’augmenter depuis le début de l’année pour atteindre 52,1 milliards d’euros à fin juin (+14 %). Résultat, la collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les sommes collectées et les prestations versées, a fondu de presque moitié, à 17,2  milliards. « Mais elle est restée positive tous les mois, alors que nous avions craint une décollecte sur certains mois », note Jérôme Cornu, le directeur des études et des statistiques à la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). Sur les six premiers mois de l’année, elle demeure largement supérieure à celle du Livret A (10,07 milliards d’euros).

Rémunéré à 2,25 % à partir du 1 er août, ce produit va devenir un concurrent encore plus redoutable. D’autant que, selon le jeu des vases communicants, « chaque hausse du taux de rendement du Livret A a un effet immédiat sur la collecte d’assurance-vie », rappelle Jérôme Cornu. Ce qui laisse augurer quelques mois encore tendus.

Au final, l’assurance-vie devrait néanmoins limiter la casse en 2011, selon les assureurs. La FFSA table ainsi sur une baisse de 2 à 6 % de la collecte brute sur l’ensemble de l’année, avec un second semestre meilleur que le premier. « La collecte avait été relativement faible fin 2010. L’effet base devrait donc jouer », explique Jérôme Cornu.

Fin juin, les encours de l’assurance-vie affichaient un niveau record, à 1.378 milliards d’euros.

LAURENT THÉVENIN