C’est une lame de fond que rien ne semble pouvoir arrêter. Les bancassureurs, déjà archidominants en assurance-vie, prennent chaque année plusieurs centaines de milliers de contrats à la concurrence en assurance-dommages: 340.000 en multirisque habitation, 210.000 en assurance automobile, selon le cabinet Facts & Figures. En 2009, elles ont également gagné du terrain en santé et en prévoyance individuelles, deux activités que se disputent âprement les assureurs.

Aujourd’hui, l’offensive des banques commence à « faire mal », constate Cyrille Chartier-Kastler, le président de Facts & Figures (F&F), qui se dit « frappé par la lenteur d’adapation » des autres réseaux de distribution. Ce manque de réaction pourrait vite se révéler préjudiciable, selon lui. « Les parts de marché prises par la bancassurance sont telles qu’elles commencent clairement à poser un problème d’équilibre économique pour certains distributeurs. »

L’avertissement vaut en premier lieu pour les mutuelles sans intermédiaires (MSI) et pour les compagnies à agents généraux. Alors que la productivité commerciale des bancassureurs n’est plus à prouver, leurs concurrents sont invités à une réflexion de fond pour regagner en compétitivité. Ce qui passe notamment, selon Cyrille Chartier-Kastler, par une baisse « de 3 à 5 points au minimum de leur niveau global de chargement ».

Partenariats

Au total, la bancassurance s’impose comme le réseau le plus efficace, selon l’étude de F&F. En assurance IARD, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel et la Société Générale sortent du lot en termes de croissance et de rentabilité. Les assureurs seraient également avisés de s’intéresser davantage au potentiel offert par les partenariats avec des comparateurs, des grossistes, des plates-formes, des opérateurs de téléphonie ou des distributeurs, conseille F&F. Un mode de distribution qui monte en puissance, puisqu’il pesait 13,2 % du marché français en 2009, contre 12,1 % en 2008.

De manière générale, les assureurs français ont dégagé sur la période 2005-2009 un rendement sur fonds propres de 11,2 % en moyenne, jugé «  tout à fait satisfaisant » par F&F. Il a tourné en moyenne entre 10 % et 14 % pour les bancassureurs, mais a culminé à près de 25 % pour AXA, à plus de 19 % chez Generali et à un peu moins de 16 % chez Allianz.

L’entrée en vigueur prochaine de Solvabilité II va néanmoins sérieusement peser sur la rentabilité des assureurs-vie. Dans l’hypothèse d’une augmentation de 50 % à 80 % du besoin en marge de solvabilité pour les activités d’épargne-vie, les meilleurs RoE sur cette activité plafonneront autour de 8 % à 10 % à partir de 2013, calcule Cyrille Chartier-Kastler.

On comprend donc l’intérêt général affiché pour la santé et la prévoyance, au vu de l’impact moindre de Solvabilité II sur la rentabilité des fonds propres engagés. Selon Cyrille Chartier-Kastler, il ne sera possible de maintenir un niveau significatif de RoE en assurance-vie qu’au prix d’ « un développement significatif et rapide » sur ces activités.