Tous les grands assureurs mondiaux se précipitent en Chine. Avec un succès certes limité jusqu’ici, mais avec la perspective de prélever une part d’un gâteau qui ne cesse de grandir. Comme le révèle une étude de Swiss Re publiée hier, qui porte sur 147 pays, la Chine est devenue en 2010 le sixième plus grand marché d’assurance, dépassant l’Italie pour talonner l’Allemagne. Le volume de primes y a progressé de 26 %, à 215 milliards de dollars (148 milliards d’euros), soit une croissance nettement supérieure à celle enregistrée en 2009 (+14,6 %). Le faible taux de pénétration de l’assurance (3,8 %, contre 8,6 % dans les pays développés) laisse augurer de beaux jours pour les assureurs. Selon les prévisions de Swiss Re, la Chine devrait se hisser à la deuxième place mondiale, derrière les Etats-Unis, dans les dix ans à venir. Egalement promis à un bel avenir et convoité par les grands assureurs européens et américains, le marché brésilien affiche lui aussi une croissance à deux chiffres (+ 10,6 %, à 64 milliards de dollars) pour se situer au quinzième rang mondial. L’Inde (11 e) a connu une progression plus modeste (+ 4,9 %). Pour le dernier BRIC, la Russie (19 e), l’année a été plus difficile (- 0,6 %). Stagnation des Etats-Unis Au total, les pays émergents pèsent désormais 15 % du volume de primes mondiales, soit 650 milliards de dollars. A noter, la bonne performance du marché turc (+ 4,8 %), décrit « comme le Brésil de l’Europe » par Henri de Castries, le PDG d’AXA. Sans surprise, annonce Swiss Re, les pays émergents devraient continuer de gagner du terrain. Ils affichent un taux de croissance (+10,9 %) à faire pâlir d’envie les pays industrialisés, qui ont dû se contenter d’une hausse de 1,4 % l’an dernier. La stagnation des deux premiers marchés mondiaux, les Etats-Unis (- 0,2 %) et le Japon (+ 0,1 %), ainsi que le recul enregistré au Royaume-Uni (- 2,7 %) ont pesé lourd dans la balance. Quatrième marché mondial, la France s’en sort mieux (+ 2,1 %, à 280 milliards de dollars). Au niveau mondial, le secteur a renoué avec la croissance l’an dernier, après avoir marqué le pas en 2008 et 2009. Le volume de primes global a progressé de 2,7 %, à 4.339 milliards de dollars (+3,2% en assurance-vie et + 2,1% en non vie). Une tendance qui devrait se poursuivre en 2011 en assurance-vie comme en non vie, et dans les pays industrialisés comme dans les marché émergents, annonce Swiss Re. « La croissance de l’assurance-vie devrait devenir positive aux Etats-Unis », annonce Daniel Staib, coauteur de cette étude. Le réassureur suisse entrevoit en revanche un« léger ralentissement » en Europe de l’Ouest, en raison de la hausse des taux d’intérêt qui « rendra moins attrayantes les polices d’assurance-vie assorties de taux d’intérêt garantis ». La rentabilité devrait par ailleurs rester assez faible en 2011, prévient Swiss Re. L’an dernier, les assureurs non vie ont dégagé un retour sur investissement (RoE) de 6 % en moyenne, tandis que le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) atteignait 103 % sur les 8 plus grands marchés.