AXA est plus que jamais le leader de l’assurance-dommages en Turquie, un des pays émergents sur lequel il fonde le plus d’espoirs. Comme prévu (« Les Echos » du 27 juin »), le groupe dirigé par Henri de Castries s’est ouvert l’accès aux 400 guichets de Denizbank, la filiale locale de Dexia. Il a conclu hier un partenariat de distribution exclusif de ses produits d’assurance non-vie pour une durée de quinze ans. Cette transaction, d’un montant de 55 millions de livres turques (environ 24 millions d’euros) et assortie d’un mécanisme de partage des bénéfices, doit être bouclée d’ici à la fin de l’année .

AXA était également en lice pour racheter Deniz Emeklilik, la filiale d’assurance-vie turque du groupe bancaire franco-belge, finalement tombée dans l’escarcelle de l’américain MetLife pour 162 millions d’euros. « Nous n’avons pas voulu surpayer une activité qui pesait le même chiffre d’affaires que la partie dommages de Denizbank[55 millions de livres,NDLR ]  », explique Jean-Laurent Granier, le directeur général pour la région Méditerranée et Amérique latine.

Si l’acquisition de Deniz Emeklilik lui aurait permis de doubler de taille en assurance-vie, AXA affirme que l’accord passé avec Dexia en dommages est tout sauf un lot de consolation. « C’était notre priorité dans ce dossier, d’autant que le marché turc est à 85 % de l’assurance-dommages. Nous voulions absolument compléter notre réseau de distribution principal par un accord de bancassurance »,insiste Jean-Laurent Granier. Jusqu’ici, AXA Sigorta (13 % de part de marché, 1,47 milliard de livres de chiffre d’affaires) s’est imposé en s’appuyant sur un réseau de plus de 800 agents actifs, le plus important du marché. L’ancrage urbain et plutôt haut de gamme de Denizbank devrait lui permettre de conforter « sa croissance naturelle à deux chiffres » (+ 15,7 % l’an dernier).

Feu de tout bois

En vie, AXA n’occupe qu’une modeste dixième place (3 % de part de marché). A terme, il vise « au moins » 10 % de part de marché, en faisant feu de tout bois. Il vient d’obtenir une licence pour s’attaquer au marché des pensions. Et il a noué deux partenariats « avec deux jeunes banques qui montent », Aktif Bank et Alternatif Bank, qui « vont se traduire dès cette année en dizaines de milliers de polices ». AXA reste à l’affût d’autres opportunités sur le marché turc en bancassurance, « à condition évidemment qu’elles correspondent à nos prix ». Le pays lui sert aussi de plate-forme pour rayonner dans la région. Après le rachat l’an dernier du deuxième assureur d’Azerbaïdjan, MBASK, il indique « regarder d’autres opportunités en Asie centrale ».

LAURENT THÉVENIN