Laurent Thévenin
Le groupe né début 2016 de la fusion entre le courtier Willis et le cabinet de conseil Towers Watson est prêt à renouer avec la croissance externe.
Né il y a deux ans et demi du
mariage à 18 milliards de dollars entre deux géants mondiaux du courtage d’assurance et du conseil, Willis Towers Watson
se tient à l’affût de nouvelles opportunités de croissance externe. « Pendant les deux années suivant la fusion [entre le courtier Willis et le cabinet de conseil Towers Watson, NDLR], il était difficile d’envisager de nouvelles acquisitions. Mais sous sommes maintenant à un point où nous pouvons sérieusement y penser », explique John Haley, son PDG, dans un entretien aux « Echos ».

Mais, ajoute-t-il, une autre option est « de continuer à racheter nos propres actions ». Cette solution donne, selon lui, « beaucoup de flexibilité, puisque cela n’exclut pas d’arrêter le programme, le cas échéant, pour faire des acquisitions ». Depuis la fusion, le groupe, coté sur le Nasdaq et domicilié à Dublin a déjà racheté pour 1,1 milliard de dollars de ses actions. « Notre cours de Bourse est, à notre sens, quelque peu décoté, ce qui rend le rachat d’actions attractif », souligne John Haley.

Après avoir vu son chiffre d’affaires augmenter de 4 % en 2017, à 8,2 milliards de dollars (6,85 milliards d’euros), Willis Towers Watson fait par ailleurs état de perspectives de croissance contrastées d’une branche à l’autre. C’est sur son activité dans l’assurance-santé aux Etats-Unis qu’il voit le potentiel le plus important. Willis Towers Watson y opère une plate-forme sur laquelle les entreprises permettent à leurs salariés et à leurs retraités de choisir une couverture santé. « Nous sommes le leader de ce marché parce que l’assurance santé aux Etats-Unis est généralement fournie par les entreprises », indique John Haley.

A contrario, « la demande pour la mise en place de plans de retraite pour les entreprises dans le monde anglo-saxon ne devrait pas grandir », constate-t-il. Quant au courtage d’assurance, « il est plutôt dans une situation intermédiaire en termes de perspectives de croissance. En 2017, notre chiffre d’affaires a progressé de 4 %. Mais les niveaux de primes sont actuellement bas étant donné que les taux de l’assurance-dommages sont stables ou à la baisse », détaille-t-il.

Croissance « confortable » en France
Dans ce contexte, le courtier mise beaucoup sur les nouveaux risques à assurer et, en premier lieu, le risque cyber, « même si les solutions proposées par les compagnies d’assurances sont encore assez limitées », selon John Haley. Sur ce marché promis à un essor rapide, Willis Towers Watson pense avoir une carte en jouer en matière de prévention : « 65 % des incidents cyber sont d’origine humaine. Il est désormais établi que le niveau d’engagement des salariés vis-à-vis de leurs entreprises et la probabilité d’une cyberattaque sont corrélés. C’est là que nous pouvons intervenir pour aider les employeurs à augmenter l’implication de leurs salariés. »

Dans l’Hexagone, où Willis avait pris fin 2015 le contrôle à 100 % du premier courtier français, Gras Savoye, les résultats « ont été bons et l’intégration, réussie », juge John Haley. En 2017, le nouvel ensemble
Gras Savoye Willis Towers Watson France a réalisé un chiffre d’affaires total de 465,7 millions d’euros
, en hausse de 3,8 % par rapport à l’année précédente. En France, troisième marché du groupe après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, « nous avons un portefeuille d’activités très large qui nous permet d’envisager une croissance confortable de nos revenus », affirme le dirigeant.

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