L. T.
La mise en place des futurs paniers remboursés à 100 % en optique, dentaire et audioprothèse ne devra pas avoir d’impact sur les prix des complémentaires santé, a répété Emmanuel Macron. Pour les assureurs, l’équation semble compliquée.
Les assureurs-santé font face à une équation compliquée. La mise en place du reste à charge zéro en santé voulu par Emmanuel Macron – c’est-à-dire la garantie pour les Français d’avoir des lunettes, des prothèses dentaires ou des audioprothèses de qualité remboursées à 100 % d’ici à 2021 -, va les mettre à contribution sur le plan financier. Le tout alors que cette promesse de campagne du président de la République est censée se faire sans impact sur les cotisations.
« Cette réforme ne saurait engendrer d’augmentation spécifique du coût d’acquisition d’une complémentaire santé pour les assurés », a réaffirmé le chef de l’Etat mercredi, lors du congrès de la Mutualité française à Montpellier. « C’est l’engagement collectif que nous avons pris. Et il n’y a, dans cette affaire, pas de marché de dupes », a martelé le chef de l’Etat.
Les organismes complémentaires ont, pour l’instant, du mal à voir précisément combien cette mesure va leur coûter. « Il est encore trop tôt pour l’apprécier », a affirmé Thierry Beaudet, le président de la Mutualité française. Les trois familles de complémentaire santé (mutuelles, institutions de prévoyance et assureurs) indiquent être arrivées à des chiffrages différents.
Un effet rattrapage difficile à évaluer
Tous les acteurs s’attendent, en particulier, à un effet rattrapage d’une ampleur difficile à anticiper. Avec le reste à charge zéro, des assurés pourront en effet s’offrir les soins auxquels ils avaient dû renoncer. Selon un mutualiste, cela devrait être particulièrement le cas en optique et en audioprothèse.
« Cela me semble compliqué de parvenir au reste à charge zéro sans augmentation des cotisations », glisse le patron d’une autre mutuelle, reflétant une opinion partagée dans tout le secteur. Un autre effet pourrait nécessiter un ajustement des tarifs, fait valoir un autre président de mutuelle : « Nous avons un certain nombre de travailleurs indépendants, de retraités ou de petites entreprises qui sont aujourd’hui à des niveaux de garanties planchers. Avec les paniers de soins du reste à charge zéro, ils se retrouveront avec des contrats plus couvrants. Mécaniquement, cela va entraîner une hausse des remboursements. »
« Nous suivrons de très près l’évolution des tarifs, que ce soit ceux des complémentaires ou ceux des produits », a prévenu mercredi Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé. Un comité de suivi doit être mis en place pour « réguler l’équilibre général de la réforme » et « l’adapter au mieux en cas de dérive ».
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