LAURENT THÉVENIN
LA JEUNE POUSSE, SPÉCIALISÉE DANS L’ASSURANCE-SANTÉ, N’EST TOUJOURS PAS RENTABLE. UNE ABROGATION DE L’OBAMACARE POURRAIT ASSOMBRIR SES PERSPECTIVES.
L’horizon est loin d’être dégagé pour Oscar Insurance Corp., l’une des assurtech les plus en vue au monde. Les perspectives de cette jeune pousse américaine, spécialisée dans l’assurance-santé, pourraient en effet s’assombrir en cas d’abrogation de l’Obamacare (ou « Patient Protection and Affordable Care Act »). Ce nouvel assureur s’était précisément lancé, fin 2013, sur l’opportunité de marché créée par cette mesure phare des années Obama, qui a rendu obligatoire la souscription d’un contrat d’assurance-santé aux Etats-Unis sous peine d’amende.

Or, si elle passait, la réforme de l’« Affordable Care Act » voulue par Donald Trump et déjà votée par la Chambre des représentants – en attendant son examen par le Sénat – priverait plusieurs millions de personnes de leur assurance-santé, selon un rapport du bureau du Budget du Congrès. Cela pourrait mettre à mal les opérateurs qui, comme Oscar, se sont développés sur le marché individuel. A la différence des grands assureurs-santé américains, cette assurtech ne vend en effet pas de contrats pour les grandes entreprises. Elle commercialise depuis peu une offre à destination des petites entreprises à New York.

Oscar pourra toujours essayer de faire la différence par son positionnement atypique, à même de séduire une population jeune et urbaine. Avec son application mobile, elle promet un accès facile à un réseau de professionnels de santé sélectionnés, ou la possibilité de parler gratuitement à un médecin en moins de dix minutes. Dans un pays où le coût de la santé atteint des sommets, ces services lui ont permis d’afficher jusqu’à 150.000 clients à fin 2016.

Repasser dans le vert
Cependant, Oscar n’a toujours pas atteint l’équilibre, plus de trois ans après ses débuts, même si ses résultats s’améliorent. Sur les trois premiers mois de l’année, ses pertes se sont élevées à 25,8 millions de dollars dans trois Etats (New York, la Californie et le Texas), soit presque moitié moins que sur la même période de 2016 (48,5 millions de dollars), d’après des documents transmis au régulateur et cités par Bloomberg en mai. La jeune pousse avait perdu plus de 200 millions de dollars en 2016 et 121,7 millions en 2015. « Je pense que nous réaliserons une bien meilleure performance en 2017 », a affirmé récemment son cofondateur, Mario Schlosser.

L’an dernier, Oscar a procédé à plusieurs ajustements pour essayer de passer dans le vert au plus vite. Il s’est retirée de deux marchés (le New Jersey et Dallas) et a augmenté ses tarifs ailleurs. Il a aussi réduit drastiquement la taille de son réseau de docteurs et d’hôpitaux à New York, son premier marché, pour contenir ses coûts. A fin mars, Oscar ne comptait plus que 90.000 membres pour un volume de primes de 73 millions de dollars au premier trimestre.
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