Un dossier clef pour CNP Assurances revient sur le devant de la scène. Mises en sommeil par les secousses politiques du pays, les discussions sur la refonte du contrat de distribution de CNP Assurances au Brésil avec la deuxième banque publique locale, Caixa Econômica Federal (CEF), seraient en effet sur le point de reprendre. C’est en tout cas le souhait du nouveau président de la banque publique brésilienne CEF, Gilberto Occhi. Dans une interview accordée au quotidien brésilien « Valor Econômico », il évoque la possibilité de conclure un nouvel accord de distribution avec l’assureur français pour vingt ans. Signé en 2001, le contrat d’exclusivité qui lie aujourd’hui CNP Assurances à CEF pour la vente de contrats d’assurances expire de fait en 2021.

Le nouveau gouvernement intérimaire brésilien semble vouloir accélérer le processus. « Les discussions relatives à l’ouverture du capital de Caixa Seguridade [qui regroupe notamment la participation dans Caixa Seguradora, la filiale codétenue avec CNP Assurances, NDLR] et la rénovation du contrat avec les Français de CNP Assurances sont à l’ordre du jour des responsables de la politique économique », assure par ailleurs Gilberto Occhi dans une autre interview publiée par « O Estado de São Paulo ». « CNP Assurances a pris contact avec la nouvelle équipe dirigeante de CEF qui envisage de reprendre les discussions », confirme un proche de l’assureur français à Paris.

Pour CNP Assurances, ce nouveau calendrier constitue plutôt une bonne nouvelle. Après avoir perdu plusieurs contrats de distribution majeurs en France – avec les Caisses d’Epargne et, plus récemment, avec le Crédit Agricole -, la prolongation de son partenariat brésilien pour vingt ans lui permettrait de sécuriser sa distribution dans ce pays qui génère déjà près d’un quart de ses bénéfices annuels.

Introduction en Bourse

Côté brésilien, l’objectif de la rénovation du contrat serait de préparer le terrain à l’introduction en Bourse de Caixa Seguridade. Une telle opération permettrait en effet à la CEF de renforcer sa structure de capital (son ratio de capital Bâle 3 s’élevait à 13,69 % en mars), alors que la qualité de ses indicateurs de crédit tend à se détériorer, selon les agences internationales de notation.

Deuxième institution financière du pays, derrière l’autre banque publique Banco do Brasil, la CEF, détenue à 100 % par l’Etat, est un instrument de politique publique, notamment en ce qui concerne le financement de logements sociaux, de crédit immobilier et dans les infrastructures. En raison de la récession et de la hausse des provisions liées à la détérioration du crédit, la CEF pourrait être amenée à « vendre certains actifs ou à diminuer ses dividendes », selon l’agence de notation Moody’s, qui évoque également dans un récent rapport, la nécessité d’une nouvelle augmentation de capital.

Ces réflexions interviennent alors que le gouvernement de Michel Temer est en faveur de l’ouverture de plusieurs secteurs de l’économie aux investisseurs étrangers.

Thierry Ogier, Les Echos
Sharon Wajsbrot, Les Echos
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