Depuis 2008, Tokio Marine Holdings, l’un des géants japonais de l’assurance-dommages, avait déjà dépensé 8 milliards de dollars en acquisitions pour s’implanter sur les grands marchés occidentaux et casser sa dépendance par rapport à ses seules activités dans l’Archipel. Mercredi soir, le groupe a annoncé qu’il allait doubler en une seule transaction le montant de ses investissements à l’étranger. La société, née de la consolidation progressive de plusieurs acteurs japonais, va en effet racheter pour 7,5 milliards de dollars l’assureur américain HCC Insurance, soit l’acquisition la plus audacieuse jamais tentée à l’international par un assureur nippon.

Dans les prochains jours, les commentateurs devraient s’étonner du prix payé par Tokio Marine pour emporter HCC et moquer, encore une fois, les faibles capacités de négociation des groupes financiers japonais réputés très généreux dans leur shopping à l’international. L’assureur nippon a, en effet, proposé 78 dollars par action, soit une prime de 37,6 % par rapport au dernier cours de clôture du titre HCC. «  Le prix est fort, mais les actions des groupes financiers américains s’échangent à un niveau élevé et nous devions accepter de débourser un bon montant si nous voulions atteindre un bon partenaire », a justifié, en conférence de presse, Tsuyoshi Nagano, le patron de Tokio Marine.

Pour ce dirigeant, comme pour les états-majors de ses concurrents MS&AD Insurance ou Sompo Japan , la diversification et l’internationalisation sont de toute façon des urgences vitales. Au Japon, ils sont confrontés au vieillissement accéléré de la population, qui déprime la demande de nouveaux contrats d’assurance, et à la hausse des indemnisations liées aux catastrophes naturelles. «  Pour ces sociétés d’assurance-dommages, les activités à l’étranger sont un moteur de croissance clef », résume Fitch Ratings dans une récente étude.

Tokio Marine, qui avait déjà dépensé 4,7 milliards de dollars, en 2008, pour prendre le contrôle de l’américain Philadelphia Insurance avant de débourser encore 2,66 milliards de dollars, quatre ans plus tard, pour acquérir Delphi Financial Group, va, avec cette nouvelle acquisition, faire bondir la part de ses revenus réalisés à l’étranger à 46 % – contre 38 % actuellement. Le groupe va aussi étendre son expertise à de nouveaux métiers. «  HCC est un acteur majeur qui propose notamment aux Etats-Unis des assurances spéciales couvrant des risques qui ne sont pas pris en charge par les polices d’assurance standards, un domaine qui nécessite une expertise technique particulière », détaillait, mercredi soir, Tokio Marine, avant de préciser qu’HCC était aussi très actif sur plusieurs marchés européens. 

Yann Rousseau, Les Echos
Correspondant à Tokyo