Les vents sont décidément porteurs pour l’assurance-vie en 2015. Sur les cinq premiers mois de l’année, ce placement a dégagé une collecte nette (cotisations encaissées moins prestations versées) de 10,7 milliards d’euros, selon les statistiques mensuelles présentées jeudi par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). C’est mieux que pour la même période de 2014 (9,3 milliards d’euros). Même si la performance du mois de mai (1,2 milliard d’euros de collecte nette) a été en deçà des résultats des quatre mois précédents, qui ne sont jamais descendus sous la barre des 2 milliards d’euros. Le grand nombre de jours fériés et de ponts a sans doute pesé sur la collecte brute, qui est tombée de 12,5 milliards d’euros en avril à 9,7 milliards en mai.

Le bilan à presque mi-année est indéniablement bon, mais le marché n’a pas retrouvé les niveaux élevés de 2009-2010. Pour Pierre Michel, délégué général de la FFSA, « 2015 est une année de retour aux grandes tendances avec des cotisations qui se tiennent bien et des rachats qui reviennent à un rythme standard ». L’exercice 2014, marqué à la fois par une hausse des cotisations et une baisse des prestations est lui qualifié d’ « atypique ».

Les assureurs peuvent voir les mois à venir sans trop d’inquiétude. D’abord, parce que l’assurance-vie est toujours mieux positionnée en termes de rendement que les autres produits d’épargne grand public. Pour 2014, les fonds euros (investis essentiellement en obligations) ont servi une rémunération moyenne de 2,50 % en moyenne, tandis que les supports en unités de compte (investis pour partie en actions) ont rapporté 5,9 % en moyenne, d’après la FFSA. Et la récente remontée des taux d’intérêt devrait permettre d’adoucir la baisse des rendements en 2015. Autre avantage compétitif de l’assurance-vie, son statut fiscal n’est pour l’instant pas menacé.

C’est le fait notable – et inédit – de ce début d’année. Pour la première fois, la collecte nette se fait davantage sur les supports en unités de compte (5,8 milliards d’euros) que sur les fonds euros (4,9 milliards). « Les Français ont compris qu’il fallait accepter une part de risque plus grande pour avoir plus de dynamique dans les rendements », se félicite le président de la FFSA, Bernard Spitz. Mais une autre explication est sans doute à rechercher dans l’habitude qu’ont les Français à acheter des actions quand la Bourse est haute (lire graphique ci-dessus).

Quoi qu’il en soit, ce mouvement de fond désormais bien lancé fait les affaires des assureurs. Ceux-ci ont en effet tout intérêt à vendre davantage d’UC. Contrairement aux fonds euros, ces supports n’offrent pas aux épargnants la garantie du capital à tout moment, très coûteuse en termes de capitaux à mettre en face.

Huit mois après le lancement du premier contrat euro-croissance, la FFSA ne donne toujours pas d’indication sur les montants collectés sur ces nouveaux supports, qui sont à mi-chemin entre les fonds en euros et les supports UC. « Les chiffres ne sont pas significatifs », avance Bernard Spitz. Début mai, Thomas Groh, sous-directeur des assurances à la direction générale du Trésor, avait indiqué devant la commission des Finances du Sénat que la collecte s’élevait à environ 100 millions d’euros par mois, pour un stock de 1,5 milliard d’euros issu des contrats transformés. « L’évolution du contexte de taux bas a compliqué le lancement de ces produits », explique Bernard Spitz. Et les assureurs ne se sont pas bousculés au portillon. Au mois de juin, un peu plus de la moitié du marché commercialisait l’euro-croissance. Cela devrait être le cas des deux tiers à la fin de l’année.

Les assureurs restent dans l’attente de solutions techniques permettant de rendre l’euro-croissance plus attractif. La concertation est toujours en cours avec le Trésor, la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, indique Bernard Spitz. 

Laurent Thévenin, Les Echos