Initialement conçue comme « amicale », l’offre publique d’Exor sur le réassureur PartnerRe tourne à la bataille rangée. Près de deux mois après le lancement surprise de son offre de 6,8 milliards de dollars sur PartnerRe, Exor a décidé de s’adresser directement à ses principaux actionnaires en vue de contrer le plan de fusion avec Axis, défendu par le management.

Dans un premier temps, la société des Agnelli (qui détient déjà 9,9 % de PartnerRe) a essuyé un premier revers avec le rejet de son recours visant à obtenir la liste des « actionnaires privilégiés » du réassureur par la Cour suprême des Bermudes (siège du groupe). Malgré ce contretemps, Exor reste fermement décidé à bloquer le projet de fusion avec Axis, qui doit être soumis à l’assemblée des actionnaires de PartnerRe le 24 juillet.

«  Exor estime que la position de PartnerRe empêche ses propres actionnaires d’être pleinement et correctement informés des options à leur disposition, ce qui traduit une nouvelle tentative du conseil de PartnerRe de protéger l’opération moins intéressante avec Axis », a souligné, samedi, le holding coté présidé par John Elkann, dans un communiqué. En revanche, le holding des Agnelli continue à soutenir que son offre présente des avantages «  considérables » pour les actionnaires, ordinaires ou privilégiés, de PartnerRe, ainsi que pour ses salariés.

Ayant déjà obtenu le soutien des fonds Franklin Mutual Advisers (3,9 %) et Sandell Asset Management, Exor tente de rallier l’appui des fonds américains Vanguard (7,9 %) et BlackRock (5,3 %) en vue de bloquer l’opération avec Axis. «  Les affirmations d’Exor sont infondées. Nous avons respecté toutes nos obligations en matière de divulgation des informations sur nos actionnaires, dans le respect des lois en vigueur aux Bermudes et aux Etats-Unis », a répliqué PartnerRe.

Selon Exor, la direction actuelle de PartnerRe n’aurait pas présenté son offre de manière adéquate. En particulier, l’actuel CEO, David Zwiener, se serait vu garantir un bonus de 3,5 millions de dollars en cas de succès de l’opération avec Axis, outre des incitations financières offertes au président, le Français Jean-Paul Montupet. Selon ce dernier, malgré le récent relèvement de l’offre d’Exor, de 6,4 à 6,8 milliards de dollars, elle reste «  opportuniste et reflète un prix inacceptable combiné à un risque élevé  ». L’offre d’Exor sur PartnerRe intervient au moment où la société des Agnelli, principal actionnaire de Fiat Chrysler (FCA), à 29 %, envisage désormais de se laisser diluer dans le groupe automobile. 

Pierre de Gasquet, Les Echos
 Correspondant à Rome