Début avril, le Japon a officiellement annoncé que 25,6 % de sa population était désormais âgée de plus de 65 ans. Ce ratio pourrait atteindre 40 % en 2060. Pendant quelques années encore, ce vieillissement accéléré devrait alimenter une croissance mesurée du marché de l’assurance de personnes dans l’Archipel et notamment porter la demande pour des contrats « vie », qui garantissent ici plutôt les familles contre le décès du pilier économique du foyer. Mais, à plus long terme, cette tendance risque de se retourner contre les grands assureurs du pays, tels que Nippon Life et Dai-ichi Life, qui anticipent un rétrécissement spectaculaire du poids démographique du Japon. Après avoir atteint un pic de 128 millions d’habitants, le pays pourrait, faute de bébés et d’immigrés, voir sa population retomber sous la barre des 100 millions d’habitants en 2050.

Effritement inéluctable de son marché naturel

Pour compenser cet effritement inéluctable de son marché naturel, Dai-ichi Life serait sur le point de lancer la plus large acquisition jamais osée par un assureur nippon, tous métiers confondus. Hier, il a publiquement reconnu qu’il avait entamé des pourparlers avec un acteur du marché américain. Selon le Nikkei, le numéro deux japonais du secteur serait décidé à dépenser 4,9 milliards de dollars pour s’offrir Protective Life, un assureur vie de taille moyenne basé dans l’Alabama, mais présent dans tous les Etats des Etats-Unis, qui restent, en volume de primes, le premier marché mondial de l’assurance-vie… devant le Japon.

S’il était confirmé dans les prochains jours, cet achat permettrait au groupe de compléter une stratégie d’internationalisation qu’il a lancée dès la fin des années 2000. Comme les autres géants de la finance japonaise, Dai-ichi Life a d’abord favorisé les opérations plus petites dans les pays voisins et particulièrement en Asie du Sud-Est. En 2007, il avait ainsi pris le contrôle de Bao Minh – CMG au Vietnam qu’il a transformé en Dai-ichi Life Vietnam. L’assureur, qui a tenté d’associer ses techniques de ventes japonaises aux contraintes culturelles locales – il est ainsi très attentif au « feng shui » des signatures de contrats -, détient désormais 8 % du marché local. Il a aussi investi en Thaïlande, à Taiwan ou encore en Inde, où il travaille en co-entreprise avec deux banques domestiques au sein de Star Union Dai-ichi Life Insurance.

Mais ces investissements dans des marchés de l’assurance-vie encore balbutiants et peu profitables vont nécessiter des années avant de contribuer significativement aux revenus de Dai-ichi Life. En s’offrant l’intégralité de Protective Life, le japonais espère bouleverser plus rapidement et plus profondément l’équilibre de ses comptes