L’un des principaux courtiers d’assurances français pour les particuliers est au plus mal. Assor France a annoncé, vendredi, qu’il était «  contraint au dépôt de bilan » et qu’il allait «  demander dans les prochains jours la protection du tribunal de commerce de Paris ». Créé en 2000, ce cabinet de courtage grossiste, qui a multiplié les acquisitions ces dernières années, compte 118 salariés.

Selon lui, la situation actuelle résulterait «  des agissements du Groupe Pasteur Mutualité » qui, en octobre 2012, «  a brutalement mis fin à l’accord qui le liait à Assor France, résilié 30.000 contrats d’assurance et, ce faisant, a asséché la trésorerie de l’entreprise et provoqué la cessation de ses paiements ».

Des accusations aussitôt démenties par AGMF Prévoyance (Groupe Pasteur Mutualité), qui précise que moins de 20.000 adhérents étaient concernés. « Depuis plus d’un an, Assor avait cessé de régler les prestations d’assurance aux adhérents des compagnies d’assurances qui lui avaient confié un mandat de gestion  », a contre-attaqué l’assureur mutualiste dans un communiqué publié vendredi soir. «  Assor continuant néanmoins à percevoir les primes versées par les adhérents, soit plusieurs millions d’euros par mois », le Groupe Pasteur Mutualité affirme ne pas « avoir eu d’autre choix que de mettre un terme à ces détournements » en résiliant ses protocoles de partenariat et de délégation de gestion avec le courtier.

Le devenir d’Assor est suivi de près par le marché de l’assurance, car l’affaire va bien au-delà de ce seul dossier. En début d’année, « L’Argus de l’assurance » avait en effet révélé que le courtier parisien avait cumulé des millions d’euros de dettes auprès de plusieurs assureurs qui travaillaient avec lui. Groupe Pasteur Mutualité a déjà engagé plusieurs procédures judiciaires contre Assor. D’autres compagnies d’assurances dans la même situation ont aussi saisi la justice.

De son côté, Assor n’entend pas en rester là. New SIA, son actionnaire principal, va assigner le Groupe Pasteur Mutualité «  afin d’obtenir réparation du préjudice subi par lui-même et Assor France en raison de la résiliation abusive de leurs accords par le groupe mutualiste ».

Laurent Thévenin, Les Echos