L’assurance-vie alterne les hauts et les bas depuis le début de l’année. En mai, la collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les encaissements et les sommes versées aux épargnants et à leurs bénéficiaires (retraits, prestations décès) a été positive de seulement 200 millions d’euros, selon les chiffres présentés hier par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). C’est même le plus mauvais mois de 2013 – en avril, la collecte nette avait atteint 1,7 milliard d’euros.« Le mois de mai se caractérise toujours par une baisse des cotisations [qui sont tombées à 8,9 milliards d’euros en mai, contre 11 milliards en avril, NDLR]. Le versement du deuxième tiers de l’impôt sur le revenu et la préparation des vacances expliquent que le mois de mai est souvent un mois en creux pour l’épargne », rappelle toutefois Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants.

Sur les cinq premiers mois de l’année, la collecte nette s’élève à 8,1 milliards d’euros. Comme le souligne Bernard Spitz, le président de la FFSA, l’assurance-vie « retrouve des couleurs » mais « c’est un chiffre assez faible par rapport aux années d’avant la crise ».

L’épargne courte privilégiée

Pour l’instant, le marché s’en tire nettement mieux qu’en 2012, une année qui s’était soldée par une collecte nette négative inédite de 6,5 milliards d’euros. Il n’en reste pas moins que les assureurs-vie « ont aujourd’hui des difficultés à capter l’épargne longue », souligne Jean-François Lequoy, le délégué général de la FFSA. Les Français marquent actuellement une nette préférence pour les produits d’épargne courte. Le Livret A et le livret de développement durable – qui présentent l’avantage d’être entièrement défiscalisés – ont ainsi drainé 21,1 milliards d’euros entre début janvier et fin mai, soit deux fois et demi plus que l’assurance-vie. Plus gênant, l’assurance-vie peine aussi à capter les flux des placements financiers des ménages (liquidités, épargne, titres, assurances, flux), relève la FFSA. En 2012, elle ne représentait plus que 25 % de ces flux, alors qu’elle en attirait entre les deux tiers et les trois quarts en 2009 et 2010.

La baisse prévisible de la rémunération du Livret A en août devrait néanmoins lui donner une petite bouffée d’air. Pour les assureurs, il serait également bon de donner corps au support « eurocroissance » préconisé par le rapport Berger-Lefebvre, qui pourrait faire espérer aux épargnants un meilleur rendement que les fonds en euros. «  C’est une solution simple et d’avenir qui est favorable aux assurés, à l’épargne longue et à l’économie productive. Cela peut-être l’assurance-vie du XXIe siècle », estime Bernard Spitz. A condition, prévient-il, de ne pas rendre le dispositif trop compliqué.

Laurent Thévenin