Le Sud-Ouest de la France était toujours sous le choc hier après les intempéries et les orages de ces derniers jours, qui ont fait trois morts. En marge d’une visite de François Hollande à Saint-Béat (HauteGaronne), l’un des villages sinistrés, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que l’état de catastrophe naturelle serait reconnu « avant la fin de la semaine prochaine » pour les Hautes-Pyrénées, la Haute-Garonne et « tous les départements et territoires » frappés par les crues. « On ne peut pas attendre, il y a urgence pour sauver et pour réparer », a déclaré de son côté le président de la République.

Comme l’a indiqué hier la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan des dégâts. Une chose est sûre, le monde agricole se prépare à payer un lourd tribut à ces événements climatiques, qui interviennent dans un printemps déjà éprouvant (lire ci-dessous).

En Allemagne, qui a été confrontée à des inondations historiques, les dégâts causés aux agriculteurs sont d’une ampleur comparable à la précédente grande crue de 2002. Mais, comme il y a onze ans, ils ne bénéficient d’aucune couverture en termes d’assurance sur le risque inondation. « Les agriculteurs sont protégés contre les tempêtes ou la grêle, mais ils ne le sont pas contre les inondations », précise-t-on au GDV, la fédération allemande des assurances.« L’Etat fédéral n’a prévu aucune aide financière pour rendre la couverture assurance moins chère », explique Sigmund Prümmer, membre du directoire de la compagnie Münchener und Magdeburger Agrarversicherung, spécialisée dans le secteur de l’agriculture et appartenant à 80 % au groupe Allianz. Et d’ajouter :« Nous avions introduit il y a quinze ans un produit pour couvrir le risque inondation, mais ceux qui en auraient eu besoin n’étaient pas prêts à s’assurer en raison du prix élevé de la police. » Aujourd’hui, le produit est encore testé dans un tout petit nombre d’exploitations pilotes.

Une situation désolante pour beaucoup de paysans, alors que de 15.000 à 20.000 exploitations ont été touchées par les crues, selon un bilan provisoire de la fédération du secteur agricole DBV. Cela représente plus de 300.000 hectares de surfaces cultivées et de prairies. S’ajoutent les dégâts causés à environ 800 fermes et autres infrastructures. L’addition dépasserait en tout les 400 millions d’euros.

En face, le DBV a reçu la somme dérisoire d’environ 1 million d’euros de dons, dont 100.000 euros viennent de la Rentenbank, une sorte de petit « Crédit Agricole allemand ». La réparation des dégâts devra donc provenir pour la quasi-totalité de canaux appartenant à la sphère publique. Berlin et les Etats régionaux en Allemagne se sont entendus pour mettre sur pied un fonds de 8 milliards d’euros destiné à financer l’ensemble des coûts de reconstruction, dont une partie devrait parvenir aux agriculteurs. La pompe s’amorce déjà. L’Etat régional de Bavière a décidé d’accorder une aide de 4.000 euros par exploitation sinistrée.

L. T. et Jean-Philippe Lacour (à Francfort)