C’est le genre de déclaration publique dont CNP Assurances se serait volontiers passé. Et, encore plus, quelques semaines seulement avant de changer de président et de directeur général. Mardi, pour sa dernière sortie devant la presse en tant que président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations, Michel Bouvard avait estimé que la filiale d’assurance-vie à 40 % de la CDC était « aujourd’hui sous-capitalisée et susceptible d’avoir un jour besoin d’une augmentation de capital »(« Les Echos » du 13 juin). Ces propos prennent d’autant plus de relief que l’actuel député UMP de Savoie va faire son entrée au conseil d’administration de la CNP à l’issue de l’assemblée générale du 29 juin et qu’il convoitait la présidence du groupe, qui devrait revenir à Jean-Paul Faugère, la Commission de déontologie ayant donné hier son avis favorable.

Gilles Benoist, directeur général de la compagnie d’assurances qui termine son mandat à la fin du mois, réfute, lui, catégoriquement cette affirmation, chiffres à l’appui. « Il suffit de regarder nos ratios pour constater que nous n’avons pas de problème de solvabilité », répond-il. Au 31 mars, le premier assureur-vie français affichait un ratio en Solvabilité I de 113 % sur ses seuls fonds propres durs, « au-dessus donc de l’objectif de 110 % que nous nous sommes toujours fixé », observe-t-il, et de 193 % en intégrant les plus-values latentes contre 135 % à fin décembre. « Nos fonds propres sont clairs comme de l’eau de roche, puisqu’ils comprennent à peine 7 % d’incorporels éliminés », précise Gilles Benoist. En Solvabilité II, le ratio s’établissait à 150 % à fin décembre 2011 et est, là aussi, jugé suffisant. Cette année, la CNP va par ailleurs pouvoir conforter ses fonds propres, puisque ses grands actionnaires de référence ont accepté de percevoir le dividende en actions.

« Success story » brésilienne

Depuis son introduction en Bourse en 1998, le groupe n’a procédé qu’à une seule augmentation de capital, en 2007, au moment de la prise de contrôle totale d’Ecureuil Vie. « Seul un important projet de croissance externe pourrait justifier une nouvelle augmentation de capital et nous n’en avons pas dans les cartons. Les dossiers que nous étudions en Amérique latine avec notre partenaire brésilien pourront être financés localement », annonce Gilles Benoist. Fort de la « success story » brésilienne de Caixa Seguros, désormais sa plus grande filiale à l’étranger, l’assureur français précise être à l’affût d’acquisitions pour se développer au Brésil et dans les pays voisins.

En 1998, date de l’arrivée de Gilles Benoist à sa tête, CNP Assurances était une entreprise purement hexagonale. Sa présence à l’étranger se limitait alors à une petite filiale en Argentine et à une participation de 20 % dans Carivita en Italie. En 14 ans, l’entreprise a franchi un certain nombre d’étapes.« Nous sommes aujourd’hui implantés dans 11 pays et l’international nous apporte 37 % du résultat brut d’exploitation, se félicite Gilles Benoist. C’est la différence fondamentale, avec une réussite exceptionnelle au Brésil. Nous avions acquis 51 % de Caixa Seguros en 2001 pour 500 millions d’euros. Cette entreprise nous rapporte aujourd’hui 218 millions d’euros par an ! ». A la fin du mois, une nouvelle page va se tourner pour la CNP.