Nouveau coup de Trafalgar chez Generali. Après un conseil d’administration sous haute tension samedi matin, le directeur général depuis 2010, Giovanni Perissinotto, a été démis de ses fonctions par les membres du conseil, réunis sous la pression de l’actionnaire principal, Mediobanca. C’est Mario Greco, un haut dirigeant du groupe suisse Zurich Assurance (ex-Zurich Financial Services), qui a été nommé pour le remplacer. D’après un communiqué de Generali, la majorité des voix du conseil d’administration a décidé de « révoquer les pouvoirs conférés à Giovanni Perissinotto », en raison de « l’exigence  » d’une «  discontinuité  » dans la gestion de l’assureur. Son contrat de travail a pris également fin, mais il devrait rester membre du conseil. D’après nos informations, le DG déchu et son entourage n’entendraient pas en rester là. «  Il y a des faiblesses juridiques dans le mode de convocation du conseil d’administration samedi  », assure un proche. Bien que minoritaires, plusieurs membres du conseil soutiennent le dirigeant exclu, qui s’est âprement défendu en fin de semaine dernière devant les accusations d’un autre actionnaire, Leonardo Del Vecchio, fondateur du groupe Luxottica. Détenteur de 3 % du capital, ce dernier estimait que Perissinotto n’était plus le manager « approprié pour gérer Generali depuis longtemps ». Lui comme d’autres mettaient en avant la sous-performance relative du cours de l’action (en baisse de 30 % depuis le début de l’année) et la faiblesse des résultats du groupe.

Convoqué vendredi par Mediobanca, Perissinotto avait refusé de démissionner et demandé le vote d’une motion de défiance par le conseil. Le dirigeant estime le groupe « solide » et que la chute de l’action n’est pas due à des erreurs de gestion mais à la forte exposition de Generali à la dette souveraine de son pays. Pour les proches de Perissinotto, le Français Vincent Bolloré, actionnaire à la fois de Mediobanca et de Generali aurait joué un rôle clef dans tous ces événements. «  Une fois de plus Vincent Bolloré a utilisé son pouvoir d'”insider” pour remplacer un responsable qui refuser de diriger pour un seul actionnaire », estime-t-on dans l’entourage du dirigeant démis. Vincent Bolloré, par ailleurs vice-président de l’assureur, est régulièrement accusé par ses détracteurs de militer pour une fusion de Mediobanca et de Generali. Un scénario rendu plus crédible avec la chute du cours de Generali.

En attendant l’arrivée de Mario Greco, qui doit démissionner de son poste de membre du comité exécutif de Zurich Assurance, c’est Gabriele Galateri di Genola, le président du conseil de Generali, qui assurera l’intérim. Agé de cinquante-trois ans, Mario Greco, italien d’origine, est entré chez Zurich en octobre 2007. Il a commencé sa carrière comme consultant dans le secteur de l’assurance chez McKinsey, avant de partir en 1994 chez l’assureur italien RAS à Milan, filiale de l’allemand Allianz. Il a connu dans ce groupe une ascension très rapide, jusqu’à entrer au conseil exécutif d’Allianz en 2004. Mais, refusant de quitter l’Italie, il intègre alors le groupe Sanpaolo IMI pour y créer son pôle d’assurance et de gestion d’actifs.

R. R., Les Echos