Les assurés sont à mille lieues de s’en douter, mais la norme comptable IFRS 4 Phase II, actuellement en gestation, aura des répercussions sur leurs polices. A la base, il ne s’agit pourtant « que » d’harmoniser le traitement comptable des contrats d’assurances. Mais comme le montre une étude KPMG, réalisée auprès de 19 grands acteurs mondiaux du secteur, ces normes devraient se traduire par des bouleversements majeurs sur le plan opérationnel, et notamment sur les produits. « Normalement, la comptabilité n’a pas d’impact sur le business, explique Viviane Leflaive, associé Regulatory Assurance chez KPMG. Là, la moitié des sociétés qui ont participé à l’enquête nous disent que cela va entraîner des modifications dans les contrats et dans leur mix-produit ! »

En chantier : la communication

Des évolutions sont plus particulièrement attendues en assurance-vie. En l’état actuel, les normes IFRS devraient introduire une plus grande volatilité des résultats, notamment avec le traitement réservé pour le taux d’actualisation. Une volatilité que les assureurs vont chercher à limiter au maximum, en restreignant les garanties accordées ou en se détournant des produits long terme. « Les contrats qui offrent un taux d’intérêt garanti ou un retour sur investissement garanti pourraient être significativement limités dans leur durée. Et ce, afin de réduire l’exposition aux taux d’intérêt », complète KPMG. A contrario, les assureurs pourraient leur préférer des produits où le risque est davantage porté par l’assuré. « Les produits en unités de compte ou les variable annuities s’inscrivent mieux dans la logique de ces normes », explique Viviane Leflaive. Autre impact opérationnel majeur souligné par l’étude, la prise en compte de la marge pour risque pourrait s’avérer très pénalisante pour certaines branches longues, comme la construction ou la responsabilité civile professionnelle.

Les assureurs vont devoir s’attaquer à un autre chantier très complexe, celui de la communication financière, le compte de résultat n’ayant plus du tout la même allure en IFRS. Pour ne pas dérouter les analystes et rendre les comparaisons plus faciles, « les assureurs devront faire preuve de pédagogie. Beaucoup d’entre eux ont déjà prévu d’utiliser également des indicateurs non normés »,relève Francine Morelli, associé responsable du secteur assurances chez KMPG. Pour ménager une transition en douceur, ils pourraient aussi conserver en parallèle la présentation actuelle des résultats. Alors que les travaux se poursuivent, la norme définitive est attendue fin 2011 pour une entrée en vigueur a priori en 2014-2015.

LAURENT THÉVENIN, Les Echos