Les bas de laine des Français se tarissent. Non seulement ils ne versent plus d’argent sur leurs contrats d’assurance-vie, mais ils ont aussi davantage tendance à racheter tout ou partie de ces derniers.

En 2010, les prestations sont en hausse de 5,9 %, représentant un total de 103,5 milliards d’euros. 90 % de celles-ci correspondent aux retraits effectués sur les contrats d’assurance-vie. Depuis le début de l’année, la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) note une augmentation de 15 % des prestations en assurance-vie, pour un montant de 42,7 milliards d’euros. « Les prestations atteignent un niveau record », affirme Jean-François Lequoy, délégué général de la FFSA. Pour le seul mois de mai, elles sont même en hausse de 29 %. « L’augmentation des prestations concerne toutes les catégories de contrats, petits et gros. Et les causes sont multiples », précise Jean-François Lequoy.

La crise est passée par là. Les rachats totaux de contrats de moins de 10.000 euros sont en forte augmentation, et servent de compléments de revenus pour financer des besoins de consommation courante. « Les rachats totaux augmentent plus vite que les rachats partiels depuis le début de l’année », confie un membre de la FFSA. Des rachats partiels réguliers sont également effectués par les plus de 65 ans pour compléter leur retraite.

La clientèle aisée rachète ses contrats et arbitre en faveur d’autres placements, comme l’immobilier ou les produits d’épargne liquides. L’effet de vase communicant entre assurance-vie et livrets d’épargne a joué. Sur les cinq premiers mois de l’année, la collecte du livret A et du LDD s’élève ainsi à 10,05 milliards d’euros en cumulé. Les annonces de changements de fiscalité déstabilisent aussi les épargnants. Les incertitudes planent de nouveau : le Sénat a en effet adopté un amendement relevant de 20 à 25 % la taxation des contrats d’assurance-vie au décès du souscripteur pour les plus fortunés.

Instabilités

Par conséquent, avec l’augmentation des prestations versées, la collecte nette (écart entre cotisations et prestations versées) a peu progressé en 2010 (+ 0.3 %)À fin mai, celle-ci est en baisse pour le sixième mois consécutif, en recul de 49 % par rapport à la même période l’an dernier. Et pour l’année 2011, la FFSA anticipe un recul du chiffre d’affaires de l’assurance-vie compris entre -6 % et -2 %. Les échéances électorales de 2012 pourraient encore créer des instabilités, et pousser la Fédération à repartir au combat pour la défense de l’épargne longue. L. F.