Au 1er avril, le président de l’association touche 304.848 euros sous forme d’honoraires.

L’assemblée générale de l’Association française d’épargne et de retraite (Afer) s’est ouverte hier soir dans un contexte agité. L’Afer compte 735.000 adhérents et s’attire les foudres de nombre d’entre eux. À l’heure où nous mettons sous presse, l’assemblée générale bat son plein dans l’auditorium bondé de la cité des congrès de Nantes, et l’intervention de François Nocaudie, fondateur du collectif SOS Principes Afer, est encore attendue.

La séance de questions n’est pas non plus terminée : sur les 1.500 questions soumises par les adhérents, 200 concernent la rémunération des dirigeants de l’association. Pourquoi les administrateurs s’octroient-ils de telles rémunérations alors que le taux baisse ? Comment justifiez-vous votre propre augmentation de rémunération au 1er avril (le président touche aujourd’hui 304.848 euros sous forme d’honoraires) ? Pourquoi n’êtes-vous pas bénévole ? Réponse de Gérard Bekerman : « C’est la contrepartie d’un juste travail et de hautes responsabilités. »

Celui-ci est également revenu sur le soutien qu’il apporte à la proposition de loi visant à réformer les usages du courtage pour que les épargnants puissent changer plus facilement de conseiller. Une nouvelle pomme de discorde avec les collectifs d’adhérents. Il y a fort à parier que les résolutions des collectifs seront rejetées comme l’an dernier (voir le compte-rendu détaillé sur latribune.fr). Le président appelle d’ailleurs à voter contre, et dispose d’un grand nombre de pouvoirs par rapport aux votants inscrits. Lors d’une précédente conférence de presse, François Nocaudie lui-même avait confié ne se faire aucune illusion sur l’issue des votes…

Trois collectifs d’adhérents ont déposé cette année plusieurs résolutions. Parmi elles, les collectifs déplorent le « caractère limité de la requête en restitution des fonds détournés » par les fondateurs de l’Afer. Pour SOS Principes Afer, les 92 millions d’euros, confisqués par l’État pour être restitués aux victimes, correspondent aux détournements opérés entre 1994 et 1997. Or, ceux-ci se sont étalés sur une période de 10 ans, et le montant du préjudice a été évalué par la justice à 261 millions d’euros.

Forte baisse de la collecte

Le tout se déroule dans une morosité ambiante de l’assurance-vie, activité quasi unique de l’Afer, qui gère 45,9 milliards d’euros d’encours. L’Afer enregistre une baisse de 35 % de sa collecte brute depuis janvier et une augmentation des sommes « retirées », appelées « rachats partiels », de 42 %. Le rendement délivré par le fonds en euros du contrat a par ailleurs chuté de 4,12 % en 2009 à 3,52 % en 2010. « Il est vrai que notre taux n’est pas le meilleur a admis Gérard Bekerman. Je suis convaincu que nos gérants vont tout faire pour qu’il le redevienne. »

Laura Fort, à Nantes