La controllata di Bayer ha perso il suo terzo processo negli Stati Uniti. I danni sono cinque volte superiori al totale delle due condanne precedenti nell’agosto 2018 e marzo 2019.
Lunedì la Monsanto, il produttore del Roundup che il tedesco ha riacquistato lo scorso giugno per 62 miliardi di dollari, è stata condannata a pagare 2,05 miliardi di dollari di danni da un tribunale di Oakland, California. Alla fine della giornata, la quota di Bayer ha perso più del 2,3% alla Borsa di Francoforte.
La giuria ha dato ragione a Alberta e Alva Pilliod, una coppia di septuagenari californiani che ritengono che Roundup sia responsabile del loro linfoma non-Hodgkin. I coniugi hanno spruzzato questo diserbante a base di glifosato per trentacinque anni sulle loro varie proprietà. I 12 giurati hanno concluso che l’azienda ha agito con “malizia, oppressione o frode” non riuscendo ad avvertire gli utenti dei rischi di cancro associati al suo prodotto. Le argomentazioni di Bayer, sottolineando gli altri fattori di rischio della coppia, tra cui diversi tumori e malattie autoimmuni, non hanno convinto la giuria.

Anaïs Moutot
Correspondante à San Francisco

La filiale de Bayer a perdu son troisième procès aux Etats-Unis. Les dommages et intérêts sont cinq fois plus élevés que le total des deux précédentes condamnations.
Les dirigeants de Bayer n’ont sûrement pas pu fermer l’oeil de la nuit. Lundi, Monsanto, le fabricant du Roundup que l’allemand a racheté en juin dernier pour 62 milliards de dollars, a été condamné à payer 2,05 milliards de dollars de dommages et intérêts par un tribunal d’Oakland (Californie). Un montant beaucoup plus élevé que ceux des deux précédents procès à San Francisco, en août 2018 et mars 2019. Le fabricant de produits phytosanitaires avait été condamné à payer 289 millions, puis 80 millions de dollars. Une décision qui n’a pas été appréciée par les investisseurs. En fin de journée, l’action Bayer cédait plus de 2,3 % à la Bourse de Francfort.
Le jury a donné raison à Alberta et Alva Pilliod, un couple de septuagénaires californiens estimant que le Roundup était responsable de leurs lymphomes non hodgkiniens. Les époux ont pulvérisé ce désherbant à base de glyphosate pendant trente-cinq ans sur leurs différentes propriétés. Les 12 jurés ont conclu que la société avait agi avec « malice, oppression ou fraude » en ne prévenant pas les utilisateurs des risques de cancer liés à son produit. Les arguments de Bayer, insistant sur les autres facteurs de risque du couple, dont plusieurs cancers et des maladies auto-immunes, n’ont pas convaincu le jury.

Le géant pharmaceutique a immédiatement annoncé faire appel du verdict, comme lors des deux précédents jugements. « Nous estimons que ces dommages punitifs sont excessifs et injustifiables », a déclaré Christopher Loder, le vice-président du groupe chargé de la communication, aux « Echos ». Michael Miller, l’un des deux avocats des plaignants, a reconnu lors d’une conférence de presse qu’il y avait « une chance raisonnable que le montant final soit réduit ». Les dommages de 289 millions de dollars du premier procès ont déjà été ramenés à 78 millions par une juge à l’automne.
Les tribunaux américains estiment en général que les dommages punitifs (destinés à sanctionner la société) ne peuvent être plus de 10 fois supérieurs à ceux dits « compensatoires ». Or, dans ce cas-ci, ils représentent 18 fois les 55 millions de dollars accordés par le jury pour pertes économiques et préjudice moral. Le cabinet d’avocats sait cependant que l’opinion publique retiendra la première somme. S’il a convaincu le jury de réclamer ce montant record, c’est parce qu’il a pu cette fois-ci exposer dès le départ les « Monsanto Papers », le nom donné à ces documents déclassifiés en 2017 montrant les tactiques agressives de l’entreprise du Missouri pour protéger son produit.
Falsification de données
Les avocats du couple ont aussi obtenu de nouvelles preuves, comme la falsification des données de l’étude sur laquelle l’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA) s’est fondée pour autoriser le Roundup en 1974. Les avocats ont voulu jeter le doute sur la capacité de l’EPA à faire correctement son travail, alors que celle-ci a de nouveau affirmé en avril que le glyphosate n’était « pas cancérigène », comme les agences de régulation européenne, canadienne et australienne. Le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’Organisation mondiale de la santé, a, lui, classé le glyphosate comme « cancérigène probable » pour l’homme en 2015.
Cette troisième défaite judiciaire est un coup dur pour Bayer, qui a perdu 30 milliards de dollars en Bourse depuis son rachat de Monsanto. Son PDG a dû faire face à une fronde des actionnaires lors de son assemblée générale, fin avril, 55 % d’entre eux refusant de donner quitus au directoire et au conseil de surveillance du groupe.
Les actionnaires pourraient pousser le patron de Monsanto à envisager un règlement à l’amiable, alors que plus de 13.400 actions en justice sont intentées aux Etats-Unis. Jusqu’ici, Bayer insiste sur sa capacité à gagner en appel. Mais son communiqué de presse, indiquant que la société « continue d’évaluer et d’affiner ses stratégies légales », montre peut-être une ouverture à la négociation.

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