Pauline HouédéCorrespondante à Berlin

La jeune pousse berlinoise développe des produits d’assurance pour des assureurs traditionnels comme pour des acteurs du numérique. Element, qui veut se concentrer sur la technologie et les produits d’assurance, atteint ainsi les clients de ses partenaires en évitant des dépenses publicitaires.
C’est une assurance habitation et responsabilité civile qui assure également un maillot de foot contre le vol ou permet à un fan malheureux, qu’une panne de voiture a par exemple privé de match, de récupérer une partie du prix du billet.
Cette police spéciale ballon rond proposée depuis début mai aux fans du club de foot allemand BVB Dortmund a été conçue par
l’assurtech Element
en coopération avec l’assureur traditionnel allemand Signal Iduna, partenaire historique du club.

L’offre entièrement numérique illustre la stratégie BtoB (« business to business ») de la jeune pousse berlinoise qui propose en marque blanche ses services d’assurance accessibles via des interfaces de programmation (API) à des acteurs issus ou non du secteur.
« Signal Iduna souhaitait proposer un produit très individualisé et conçu sur mesure pour les fans du BVB Dortmund, il s’est adressé à nous », explique Richard Hector, directeur des ventes. Car avec son profil 100 % numérique, Element a une longueur d’avance sur les poids lourds déjà établis, lestés de leurs vieux et complexes systèmes informatiques. Il lui faut ainsi moins de trois mois pour lancer un nouveau produit, souligne le responsable.
Licence d’assureur
Pourquoi le choix du BtoB ? « Nous pensons que nous pouvons nous étendre plus vite et placer aussi toutes sortes de produits chez des partenaires qui bâtissent depuis des années une relation à succès avec leurs clients », répond Richard Hector. Element, qui veut se concentrer sur la technologie et les produits d’assurance, atteint ainsi les clients de ses partenaires en économisant des dépenses publicitaires. Fondée au sein de
l’usine berlinoise à fintech FinLeap
(Clark,
solarisBank,
FinReach
…) en mars 2017, Element a obtenu en octobre une licence auprès de la BaFin, le superviseur allemand. L’équipe est depuis passée d’une vingtaine à un peu plus de 50 employés. La start-up, qui ne communique ni sur ses recettes ni sur son volume de clients, s’emploie depuis à construire ses produits d’assurance : à côté de ses assurances responsabilité civile, habitation ou objets (vélo, téléphone…), elle a développé une police cybersécurité et va se lancer dans les assurances retard de vol. L’entreprise cherche parallèlement à étendre son réseau de partenaires. Alors qu’elle a jusqu’ici surtout travaillé avec des courtiers en ligne ainsi que quelques petites plates-formes souhaitant étoffer leurs services pour leurs utilisateurs, elle mise désormais sur la coopération avec les assureurs classiques.

Pour Dietmar Kottmann, expert du secteur au sein du cabinet de conseil Oliver Wyman, Element fait face à deux types de concurrence, avec d’un côté des grands groupes comme Allianz, AXA ou Swiss Re, qui proposent aussi des assurances BtoBtoC (business to business to customer) au sein de divisions dédiées, et de l’autre des spécialistes de niches comme Simplesurance, qui permet aux sites d’e-commerce de vendre des assurances avec leurs produits.
« En tant qu’acteur complètement numérique, Element a actuellement un avantage face aux assureurs classiques. La question est de savoir si cet avantage durera assez longtemps pour lui permettre d’en tirer profit », explique-t-il.
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