Laurent Thevenin

En 2017, l’assureur mutualiste a vu son résultat net augmenter de 83 %, à 32 millions d’euros. Son directeur général, Nicolas Gomart, veut accélérer l’essor du groupe rouennais.
La Matmut affiche une bonne forme avant
le rapprochement prévu pour le 1er janvier 2019 avec AG2R La Mondiale
. L’assureur mutualiste a fait état jeudi d’un résultat annuel en hausse de 83 % pour l’exercice 2017, à 32,2 millions d’euros, malgré une charge de 51 millions d’euros liée aux catastrophes naturelles. Il a aussi consolidé son assise financière avec des fonds propres qui atteignaient 1,55 milliard d’euros à fin décembre pour un ratio de solvabilité de 200 %.

Son chiffre d’affaires a, lui, augmenté de 3,1 % l’an dernier, à 2,1 milliards d’euros (+4 % en assurance-dommages). « Nous avons gagné 35.000 sociétaires, notre plus forte progression depuis plusieurs années », souligne Nicolas Gomart, son directeur général depuis avril 2015.
Des ambitions élevées
Celui qui est désormais le nouvel homme fort de la Matmut –
Daniel Havis, l’emblématique PDG
qui l’avait fait venir en 2012 comme directeur général adjoint en charge de la comptabilité et des placements, n’étant plus que président non exécutif depuis fin mars – nourrit des ambitions élevées. A l’horizon 2021, il vise un million de contrats supplémentaires – y compris toutefois l’apport des nouvelles entités qui rejoindraient le groupe d’ici là – alors que l’environnement n’a pourtant jamais été aussi concurrentiel.

Selon lui, le modèle mutualiste peut aider à faire la différence. « Il est dans l’air du temps. Ce n’est pas un hasard si les opérateurs mutualistes prennent actuellement des parts de marché. La culture de la relation client est vraiment dans nos gènes », affirme-t-il. Ce diplômé de l’Essec et du Centre des hautes études en assurance a plongé dans cet univers-là il y a six ans seulement, après des débuts, en 1987, dans une salle de marché à la Banque Indosuez, puis une carrière passée dans
la gestion alternative
chez Dexia Asset Management ou ADI Alternative Investments notamment.

Mais l’ancien directeur général adjoint d’OFI Asset Management de 2009 à 2012 a déjà imprimé sa marque sur le groupe d’assurance rouennais. Avec notamment la création d’une direction de la relation sociétaire, qui « rassemble 3.500 des 6.000 collaborateurs de la maison. » Il a aussi renouvelé en profondeur son équipe de direction. Sans compter le nouveau plan stratégique 2018-2020 mis en route.
Une ascension discrète
Arrivé plutôt discrètement sur le devant de la scène, Nicolas Gomart, cinquante-quatre ans, n’a pas fini son ascension vers les sommets. Il doit d’abord devenir directeur général délégué du futur ensemble formé avec AG2R La Mondiale, tandis qu’André Renaudin, son alter ego à la tête du groupe de protection sociale, en sera le directeur général. Il est ensuite appelé à en devenir le numéro un dès 2021, comme l’a annoncé ce dernier dans une interview à « L’Agefi Hebdo ». Il se retrouvera alors aux commandes d’
un nouveau poids lourd de l’assurance
pesant plus de 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires (sur la base des chiffres 2017).

Entre ce projet de mariage, l’intégration de la mutuelle santé Ociane ou
sa nouvelle coentreprise avec BNP Paribas Cardif dans l’assurance-dommages,
qui a démarré son activité au début du mois, la Matmut aura « marqué quelques points depuis deux, trois ans », fait valoir Nicolas Gomart. La suite de l’histoire pourrait être tout aussi fructueuse puisque Solimut (près de 1 million de personnes protégées en santé et prévoyance) devrait entrer dans la Sgam Groupe Matmut en 2020.

De quoi accélérer la diversification d’un groupe qui réalise encore plus de 80 % de son chiffre d’affaires en assurance-dommages.
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