L. T.

UN PEU PLUS D’UN AN APRÈS L’ANNONCE SURPRISE DE SA NOMINATION, LE DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AXA A DÉJÀ DONNÉ UNE NOUVELLE IMPULSION.
Avec la présentation inattendue mercredi d’un projet d’introduction en Bourse des activités américaines d’AXA en 2018, Thomas Buberl signe son premier grand fait d’armes à la tête du deuxième assureur européen. Un peu plus d’un an après l’annonce de sa nomination, le jeune (quarante-quatre ans) patron allemand aura déjà largement eu le temps d’imposer sa marque. Entre la présentation, en juin dernier, du plan stratégique à horizon 2020 – dont les objectifs financiers ont été confirmés mercredi – marqué par la poursuite du recentrage sur des segments de marché prioritaires, le renouvellement en profondeur de l’état-major du groupe ou l’accélération de la stratégie dans l’innovation, AXA est entré de plain-pied dans l’ère Buberl.

Une équipe de direction remaniée
L’arrivée de Thomas Buberl au sommet d’AXA se sera accompagnée d’un profond remaniement du « top management ». Des figures historiques du groupe, comme Nicolas Moreau et Jean-Laurent Granier, sont parties. Le successeur d’Henri de Castries a promu la jeune garde (Gaëlle Olivier ou Benoît Claveranne), fait monter des poids lourds (Jacques de Peretti ou Paul Evans) tout en s’appuyant sur des piliers (Jean-Louis Laurent Josi, Mark Pearson ou Gérald Harlin). La semaine dernière, AXA a changé l’équipe dirigeante d’AllianceBernstein, sa filiale américaine de gestion d’actifs, remplaçant Peter Kraus par un binôme constitué de Robert Zoellick et Seth Bernstein.

Un focus grandissant sur l’innovation
C’est l’une des priorités de Thomas Buberl. Il s’agit pour AXA d’accélérer sa transformation. Sur la durée de son plan 2016-2020, l’assureur a décidé d’y consacrer 3 milliards d’euros d’investissements. L’assureur a passé la vitesse supérieure dans ses investissements dans les start-up, avec notamment l’annonce récente du lancement d’un fonds de fonds doté de 150 millions d’euros.

Dernière illustration de cette accélération, l’assureur a annoncé mercredi la création d’une nouvelle « business unit » dédiée spécifiquement à l’innovation client et aux nouveaux business models. Celle-ci sera dirigée par Joyce Phillips, recrutée chez Australia & New Zealand Banking Group Limited (ANZ). Nommée au comité de direction d’AXA, cette dernière rapportera directement à Thomas Buberl. Celui-ci ne cesse de répéter que le rôle d’un assureur ne peut plus aujourd’hui se limiter à régler des factures. « Nous avons 107 millions de clients dans le monde. 20 % d’entre eux ont des sinistres et sont pour la majorité très satisfaits de nous. 80 % n’ont pas de sinistre et se demandent ce qu’ils pourraient avoir de plus. Pour augmenter la satisfaction des clients, il faut donc qu’on apporte des services à valeur ajoutée », explique le directeur général. Ce qui pourrait passer, par exemple, par des programmes de prévention ou des systèmes de coordination médicale pour aider les assurés à trouver rapidement le bon médecin.

Un regain d’intérêt pour des acquisitions
C’est une autre inflexion visible. AXA a fait part mercredi d’ambitions plus fortes en matière de fusions-acquisitions (lire ci-dessus). Depuis l’arrivée de Thomas Buberl comme directeur général, l’assureur n’a pas annoncé d’opérations de rachat. Il s’est plutôt employé à redessiner son périmètre, cédant des activités au Royaume-Uni ou en Europe centrale ou de l’Est. « Nous regardons le marché dans les deux sens et nous n’excluons pas de nouvelles petites cessions. La taille critique pour une entreprise est en effet beaucoup plus élevée qu’il y a dix ans, compte tenu des exigences réglementaires qui ont beaucoup augmenté », indique Thomas Buberl.
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