MAXIME AMIOT

LE NOMBRE DE VÉHICULES ASSUJETTIS A BONDI DE 50 % AU PREMIER TRIMESTRE. LE MALUS DE 10.000 EUROS REPRÉSENTE À LUI SEUL 20 % DES RECETTES.
L’effet ne s’est pas fait attendre. Sévèrement durci depuis le 1er janvier, le malus automobile n’a pas tardé à se rappeler au bon souvenir des automobilistes. Selon des chiffres communiqués aux « Echos » par le cabinet AAA Data, le nombre de véhicules assujettis a bondi de 50 % au premier trimestre, à 114.384 unités. En tout, près de 16 % des voitures neuves vendues en France sont entrées dans le dispositif, contre 10,8 % un an plus tôt.

De fait, le malus a vu son assiette s’élargir considérablement : il s’applique désormais dès les 127 grammes de CO2 au kilomètre – contre 131 grammes l’an passé. Résultat, chez Renault, le nombre de véhicules concernés a doublé, à 14.900. Même tendance chez Mercedes – près de 7.000 voitures -, ou Peugeot (4.726). « L’objectif était d’intégrer davantage de véhicules, tout en limitant les stratégies d’optimisation CO2 des constructeurs », assume-t-on au ministère du Développement durable.

Les premium allemands sont les plus taxés
Alors que nombre d’industriels avaient pris l’habitude depuis des années d’« enjoliver » les résultats obtenus aux tests d’émission – pneus surgonflés, lubrifiants particuliers, préconditionnement… – pour améliorer leur niveau d’émission, la nouvelle grille du malus est bien plus coercitive que par le passé. Conséquence directe de cette hausse des volumes, les recettes du malus, calculées par « Les Echos », sont en nette hausse, à 89,8 millions d’euros pour le seul premier trimestre. Soit une hausse de 20 % sur un an. A lui seul, le nouveau malus de 10.000 euros – qui touche les bolides les plus performants et polluants, comme Ferrari ou Lamborghini -, a rapporté 17,6 millions d’euros.

Tout confondu, ce sont les modèles premium allemands (BMW, Audi, Mercedes, Porsche…) qui sont le plus lourdement taxés : ils entrent dans des catégories de malus élevées et les volumes sont importants. « Cela les pénalise beaucoup plus que nous », juge un constructeur généraliste. Ces derniers sont avant tout assujettis à des malus plus modestes, comme celui de 50 euros (à 127 grammes de CO2/km), qui ne rapporte que 484.750 euros sur les trois premiers mois de l’année.

Au global, le malus s’achemine donc vers une année record. Pour 2017, Bercy table sur une hausse de 35 % des recettes, à 347 millions d’euros. Du jamais-vu, alors même que le dispositif fête ses dix ans d’existence – il a été appliqué pour la première fois en janvier 2008. Des montants bienvenus pour alimenter la croissance des ventes de véhicules électriques, qui bénéficient de bonus (lire ci-dessous). Même si, pour l’heure, il est encore trop tôt pour savoir si la balance entre malus et bonus sera à l’équilibre sur l’année. La mécanique pourra-t-elle durer encore longtemps ? Si, au fil des ans, les constructeurs sont parvenus, à la fois par des gains d’émission réels et par une optimisation des tests, à abaisser drastiquement leur moyenne d’émission, la logique semble s’essouffler. Sur les trois premiers mois de l’année, la moyenne d’émission des voitures neuves vendues en France s’établit à 109,76 grammes de CO2/km. Elle est donc quasi stable comparé à 2016 (110).

« C’est la première fois que l’on assiste à une stabilisation », note un constructeur. Il pointe comme explication la baisse des ventes de voitures diesel : moins émettrices de CO2 que leurs homologues essence, la technologie pèse désormais moins de 50 % du marché, contre plus de 70 % il y a cinq ans… De quoi inquiéter les industriels, qui doivent impérativement abaisser leurs niveaux d’émission, sous peine de ne pas remplir leurs objectifs européens.
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