SHARON WAJSBROT

AU PREMIER TRIMESTRE, LES INVESTISSEMENTS ONT RECULÉ AU NIVEAU MONDIAL, MAIS AUGMENTÉ EN EUROPE. LES JEUNES POUSSES QUI MISENT SUR L’ASSURANCE ET LES INNOVATIONS RÉGLEMENTAIRES ATTIRENT LES CAPITAUX.
Après l’enthousiasme des investisseurs vient la circonspection. Confirmant la tendance engagée ces derniers mois, les montants investis dans les start-up de la finance continuent de reculer dans le monde. Au global, dans son baromètre trimestriel le cabinet KPMG a recensé 260 opérations (levées de fonds, fusions ou acquisitions) réalisées entre janvier et mars 2017, leur montant total atteint 3,2 milliards de dollars, soit 23 % de moins qu’au dernier trimestre 2016. Un ralentissement qui doit beaucoup à la plus grande maturité du secteur. « Fin 2015 et début 2016, des investissements colossaux ont été réalisés dans les fintech, les investisseurs attendent désormais des résultats qui pourraient se matérialiser soit par une plus grande internationalisation de ces sociétés, qui restent encore très concentrées sur leur géographie nationale, soit par des gages de rentabilité de certains modèles économiques», estime Mikaël Ptachek, senior manager chez KPMG.

En Asie, les investissements marquent le pas
C’est en particulier en Asie que les investissements marquent le pas : au premier trimestre, faute d’opérations de grande ampleur dans cette région qui concentre d’ordinaire des levées de fonds beaucoup plus élevées qu’ailleurs. Seuls 400 millions de dollars y ont été investis. C’est moins qu’aux Etats-Unis, mais surtout moins qu’en Europe, où la tendance est beaucoup plus porteuse. « L’Europe a connu un trimestre historique en capital-risque avec 610 millions d’euros levés et 67 opérations », détaille le baromètre. Et vraisemblablement, la perspective du Brexit n’a pas modéré cet enthousiasme puisqu’en début d’année, les fintech britanniques concentrent la moitié des levées de fonds les plus importantes réalisées en Europe. Ce n’est sûrement qu’un début. « La perspective de l’entrée en vigueur de la deuxième directive sur les services de paiement en 2018 et ses opportunités commerciales va encourager les investissements et les prises de participations liées à l’open-banking, notamment chez les agrégateurs de comptes », estime Mikaël Ptachek.

Au coeur des intérêts des investisseurs figurent de nouveaux terrains explorés par les start-up de la finance : celui de la régulation que défrichent les fameuses « regtech » (lire ci-contre), celui de l’assurance (avec les assurtech) et celui de nouvelles technologies comme la blockchain ou l’intelligence artificielle, qui offrent de nouvelles perspectives aux services financiers. « Les investissements réalisés dans les assurtech ont doublé entre 2015 et 2016. Ils ont certes ralenti en début d’année, mais il y a toujours beaucoup de perspectives dans le secteur, les assureurs commencent seulement à sentir la pression des start-up vis-à-vis de leur capacité d’innovation », fait valoir KPMG.

Dans ce contexte, la France tire particulièrement bien son épingle du jeu : « Les montants investis dans les fintech françaises ont été multipliés par cinq par rapport à la fin de l’année dernière [50 millions d’euros dollars ont été investis au premier trimestre 2017]. Ce dynamisme doit beaucoup à une maturité moins avancée des fintech françaises, compte tenu d’un contexte réglementaire en mouvement ces dernières années en France », souligne Mikaël Ptachek.

Principales levées de fonds en Europe début 2017
La start-up suédoise iZettle, spécialiste des paiements, a levé 175,2 millions de dollars début 2017.

Au Royaume-Uni, la néo-banque Atom a aussi bouclé une levée de fonds de 103,6 millions de dollars début février.

Le spécialiste du crowdfunding – Funding Circle – a encore réalisé outre-Manche une levée de fonds de 100 millions de dollars en janvier.

En Allemagne, la plate-forme paneuropéenne d’épargne Raisin et le spécialiste des paiements BillPay ont encore levé respectivement 30 et 65 millions de dollars.
Fonte: