La barre des 5 millions de pauvres bénéficiant de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) a été franchie en 2014. Selon le rapport d’activité annuel du fonds de financement de la CMU-C, le nombre de nécessiteux effectivement couverts est passé de 4,9 millions fin 2013 à 5,2 millions en décembre dernier. En sept ans, leur effectif a augmenté de 19 %. Pour avoir droit à la CMU-C, il faut gagner moins de 720 euros par mois pour une personne, transferts sociaux inclus. De plus, les revenus de toute la famille sont pris en compte.

Mais les bénéficiaires de l’Aide à la complémentaire santé (ACS) ont eux aussi vu leur nombre progresser, passant de 1,16 à 1,2 million en douze mois. Ils gagnent entre 720 et 973 euros par mois.

Un nombre croissant de pauvres accèdent à la complémentaire santé depuis le début de la crise. En effet, quand le chômage progresse, les statistiques de la CMU-C gonflent, avec un an de retard. Mais il y a une deuxième explication à cette recrudescence de bénéficiaires : c’est le relèvement exceptionnel des plafonds de revenus depuis juillet 2013. Il est à l’origine de 309.200 attributions de CMU-C en un an et demi, et de 254.600 ouvertures de droits à l’ACS. Les plafonds ont augmenté de 8,3 % en 2013, puis de 0,6 % en 2014. La montée en charge de ces mesures de revalorisation doit créer plus de 600.000 nouveaux bénéficiaires d’ici à juin 2016.

Cependant, le nombre de pauvres couverts progresse moins vite que la population visée. En effet, le taux de recours à la CMU-C s’est dégradé récemment. Il serait compris entre 60 % et 72 % des personnes éligibles en 2013, selon le ministère des Affaires sociales, contre 66 % à 79 % en 2012. Cela ne signifie pas que certains bénéficiaires cessent de la demander, mais juste que les nouveaux ayants droit potentiels n’ont pas fait la démarche. Finalement, 2 à 3,5 millions de pauvres ne la demandent pas. Même cause, mêmes effets avec l’ACS.

Pour accroître le taux de recours, les caisses d’allocations familiales ont commencé à orienter les assurés vers la CMU-C lorsqu’ils viennent demander le revenu de solidarité active (« RSA socle »). Elles envoient aussi leurs coordonnées aux caisses d’assurance-maladie. Enfin, une campagne de communication est prévue autour des nouveaux contrats-types de l’ACS, qui seront lancés le 1er juillet. 

Solveig Godeluck, Les Echos