L’assurance-vie maintient un rythme de croisière appréciable depuis quelques mois. En avril, le placement long terme préféré des Français a, de nouveau, dégagé 2,1 milliards d’euros de collecte nette (cotisations moins prestations), soit à peine moins qu’en février (2,4 milliards d’euros) et mars (2,3 milliards), selon les statistiques mensuelles publiées lundi par l’Association française de l’assurance. Sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte nette s’élève à 8,2 milliards d’euros. L’assurance-vie a donc fait plus de deux fois mieux que leLivret A et le livret de développement durable (LDD) réunis, qui ont collecté 3,91 milliards d’euros dans le même temps, dont 690 millions sur le mois d’avril.

Si elle parvient à garder cette régularité, l’assurance-vie pourrait vite dépasser la collecte totale de l’exercice 2013 (10,8 milliards d’euros de collecte nette). Pour l’instant, sa performance est très légèrement supérieure à la collecte nette réalisée l’an dernier sur la même période (8,1 milliards d’euros). Mais, à l’époque, les montants de collecte nette avaient été très irréguliers d’un mois à l’autre, avant de chuter en mai et en juin en raison d’incertitudes sur la fiscalité de l’assurance-vie.

En 2014, la situation semble bien différente, et aucun signal ne laisse pour l’instant présager un renversement de tendance. Cette année, les épargnants remplissent leurs contrats d’assurance-vie avec une belle constance. Les cotisations ont été supérieures ou égales à 11 milliards d’euros pour chaque mois, alors qu’elles avaient fait le yo-yo en 2013. Elles ont même atteint, en avril, leur plus haut niveau de 2014, à 11,4 miliards d’euros. Quant aux prestations versées en cas de décès ou de rachat, elles se situent à un niveau à peine plus élevé que l’an passé (36,7 milliards d’euros sur quatre mois, contre 36,3 milliards d’euros).

Pour l’économiste Philippe Crevel, il faut y voir le moindre appétit des Français pour la pierre. « Les épargnants conservent leur épargne sur leurs contrats et acquièrent moins de biens immobiliers », explique-t-il. Au-delà, l’environnement semble dégagé pour l’assurance-vie sur tous les plans. Contrairement à l’année dernière, où le rapport des députés Karine Berger et Dominique Lefebvre sur l’épargne longue, puis les discussions préalables à la création du produit euro-croissance avaient longtemps entretenu l’expectative chez les épargnants, il n’y a, aujourd’hui, pas de menace palpable sur le cadre fiscal de l’assurance-vie.

Enfin, s’il se confirme que le plafond du Livret A ne sera finalement pas relevé à 30.600 euros, ce serait une bonne nouvelle pour le secteur. Les épargnants capables de remplir leur livret au maximum ont, en effet, souvent aussi un contrat d’assurance-vie. Enfin, les différentiels de rendement entre les fonds en euros (qui ont encore rapporté 2,80 % en moyenne en 2013, selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) et le Livret A – rémunéré à 1,25 % – jouent toujours en faveur de l’assurance-vie.