Place aux choses sérieuses entre CNP Assurances et BPCE. Les deux partenaires auront mis du temps, mais ils sont désormais entrés dans le vif des discussions sur la suite à donner à leurs accords commerciaux au-delà de l’échéance du 31 décembre 2015. « Nous entrons dans une phase de négociation active pour notre futur partenariat », a déclaré mardi Frédéric Lavenir, le directeur général de CNP Assurances, lors de l’assemblée générale des actionnaires du premier assureur-vie français. « Les discussions sont engagées depuis un certain nombre de semaines », indiquait de son côté mardi François Pérol, le président du directoire de BPCE.

Les relations se sont donc détendues entre les deux partenaires, alors qu’elles paraissaient gelées. Mais derrière la partie de bras-de-fer apparente entre l’assureur et son distributeur, le fil n’a en réalité jamais été rompu. Et leurs échanges informels ont permis de jeter les bases des discussions. Selon nos informations, il a été, en particulier, décidé de mettre de côté l’épineux sujet des commissions versées par la CNP à BPCE en échange de la distribution de ses produits dans les Caisses d’Epargne. En désaccord sur ce point, les deux parties camperaient toujours sur leurs positions initiales.« Mais si elles tombent d’accord sur tout le reste, elles arriveront aussi à s’entendre sur les commissions », estime une source.

Comme l’a souligné François Pérol, les discussions s’inscrivent « dans le cadre des changements stratégiques indiqués en novembre dernier ». Le groupe bancaire a annoncé qu’il ne ferait plus appel à CNP Assurances, mais à sa filiale Natixis, pour produire les nouveaux contrats d’assurance-vie vendue par les Caisses d’Epargne à partir de 2016. Selon nos informations, l’un des scénarios vise donc à trouver le dispositif permettant une montée en charge progressive de l’activité épargne de BPCE sans ponctionner les contrats anciens de CNP. Dans ce cadre-là, il serait envisagé un mécanisme de régulation, avec des engagements réciproques de comportements loyaux. En assurance-vie, certains types de contrats et d’expertises très spécifiques pourraient par ailleurs rester du ressort de la CNP. Les discussions portent aussi sur d’éventuels partenariats hors épargne (assurance-emprunteur, prévoyance, par exemple), avec la possibilité que ces produits soient ouverts à l’ensemble du groupe BPCE, et pas seulement aux Caisses d’Epargne.

Ces discussions prennent forme sur fond d’une forte progression du chiffre d’affaires de CNP Assurances aux guichets des Caisses d’Epargne au premier trimestre (+42 %, à 2,8 milliards d’euros). Le chiffre d’affaires réalisé via La Banque Postale s’est, lui, élevé à 2,32 milliards (+6 %). « Notre part de marchéde France en vie-capitalisation s’est améliorée de 13,5 % à 17 % », souligne Antoine Lissowski, directeur général adjoint de CNP Assurances. Au total, son chiffre d’affaires a progressé de 11,3 %, à 7,93 milliards d’euros (+20,2 % en France), pour un résultat net en hausse de 11,1 %, à 256 millions d’euros.

Laurent Thévenin
Sharon Wajsbro