Qu’on ne s’y trompe pas : la chute des bénéfices d’AIG relève surtout de l’effet d’optique. L’assureur américain vient d’annoncer un profit trimestriel en chute de 31 % sur un an, à 2,2 milliards de dollars. Mais la comparaison avec 2012 est très défavorable, car les comptes du groupe avaient été gonflés par des cessions importantes, notamment celle de la filiale asiatique AIA.

Dans les faits, les résultats annoncés la semaine dernière constituent plutôt une bonne nouvelle. Sauvé de la faillite en 2008, l’assureur américain affiche des bénéfices trimestriels nettement supérieurs aux attentes. Le bénéfice de l’assurance-dommages a bondi de 52 %, à 1,9 milliard de dollars, les catastrophes naturelles étant moins nombreuses que l’année précédente et les tarifs ayant été fortement relevés dans l’intervalle. Pour 1 dollar versé par l’assuré, AIG dépense désormais 97 centimes en moyenne en remboursement de dommages et en frais de fonctionnement. Depuis deux ans, le ratio était négatif, c’est-à-dire que le groupe remboursait plus à ses assurés qu’il ne percevait. L’assurance-vie a également progressé de 6 %, grâce à l’excellente santé des marchés actions. Ces résultats ont été salués à Wall Street, où le titre a grimpé de 3 % jeudi soir.

Recentrage

Le groupe revient de loin : comme Lehman Brothers, l’entreprise a failli sombrer en septembre 2008, après avoir lancé des paris très hasardeux sur les « credit default swaps » (CDS), ces assurances contre le défaut de paiement. Elle ne doit sa survie qu’à l’Etat, qui lui a consacré plus de 182 milliards de dollars sous forme de liquidités et de garanties.

L’assainissement financier n’est cependant pas complètement achevé. Le groupe, qui s’est déjà recentré sur les services d’assurance et de retraites, veut continuer de réduire ses coûts en «  abaissant le coût du capital et en se concentrant sur certaines activités ou régions qui sont logiques pour notre entreprise », a commenté jeudi son directeur général, Bob Benmosche.

L’assureur, qui emploie 63.000 personnes dans le monde, n’exclut pas un nouveau plan social. Sa liberté est désormais totale : il a retrouvé son indépendance en fin d’année dernière en rachetant pour quelque 25 milliards de dollars de titres au Trésor.

Lucie Robequain, Les Echos

Bureau de New York