Andrew Moss, le directeur général de l’assureur britannique Aviva, est devenu hier la troisième victime outre-Manche de la colère d’actionnaires, mécontents que la rémunération des dirigeants ne soit pas alignée avec la performance de leur groupe. Son départ intervient alors que près de 6 actionnaires sur 10 du numéro deux britannique du secteur avaient rejeté le plan de rémunération du management présenté jeudi dernier lors de son assemblée générale. Andrew Moss rejoint Sly Bailey et David Brennan, respectivement de Trinity Mirror et du géant pharmaceutique AstraZeneca, poussés vers la porte par leurs actionnaires.

Arrivé à la tête d’Aviva en 2007, Andrew Moss a vu la capitalisation de son groupe passer de 20 milliards de livres à environ 9 milliards. L’assureur a affiché une sous-performance de 47 % par rapport à l’indice regroupant les valeurs de son secteur. Il a chuté de 30 % sur le London Stock Exchange l’an dernier. Pendant ce temps, en plus d’un plan d’intéressement à long terme de 3,39 millions de livres, la rémunération d’Andrew Moss devait s’apprécier de 6,7 % pour 2011, à 2,64 millions. Pour tenter d’apaiser les investisseurs, la semaine dernière, Andrew Moss avait renoncé à la hausse de sa rémunération cette année.

Marchés rassurés

L’annonce de son départ a été bien perçue par les marchés puisque l’action d’Aviva a grimpé hier de 5 %. Andrew Moss avait choisi de concentrer son groupe sur l’Europe, qui a été durement frappée par la crise de la dette souveraine. Certains actionnaires veulent aujourd’hui des décisions plus radicales comme une sortie de l’Amérique du Nord et de l’Asie, où Aviva n’est pas un acteur majeur, ainsi que des coupes dans les dépenses.

La rémunération des dirigeants des grands groupes est un sujet de débats passionnés au Royaume-Uni, au moment où le gouvernement maintient sa politique d’austérité. Un projet de loi est actuellement discuté pour que les émoluments reflètent mieux les performances des entreprises.

N. M.