Est-ce la fin d’une série noire exceptionnelle pour l’assurance-vie ? Le marché français a une nouvelle fois fini le mois en situation de décollecte, c’est-à-dire avec des encaissements inférieurs aux retraits, mais de manière beaucoup moins prononcée qu’en mars. Le solde net a été quasiment à l’équilibre (- 0,1 milliard d’euros contre – 1,2 milliard en mars), selon les chiffres publiés hier par l’Association française de l’assurance.

C’est principalement la baisse des prestations (rachats, prestations décès) qui a permis ce rétablissement. Pour Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle des épargnants, « le ralentissement des rachats semble indiquer que les Français réduisent les transferts vers l’immobilier ». Le niveau des prestations reste cependant à un niveau élevé depuis plusieurs mois (9,5 milliards d’euros en avril). Une tendance qui s’annonce durable, comme le souligne Gérard Bekerman, le président de l’Afer, les ménages utilisant leur épargne pour faire face aux dépenses de la vie quotidienne ou pour compléter leur retraite (lire ci-dessous).

Epaisseur du trait

Les encaissements n’ont en revanche que faiblement progressé (9,4 milliards d’euros en avril contre 9,3 milliards en mars). L’attentisme traditionnel des épargnants en période électorale ainsi que la forte collecte du Livret A en avril figurent parmi les éléments d’explication avancés par les assureurs.

Depuis le début de l’année, le marché affiche une décollecte de 2,1 milliards d’euros. « Objectivement, c’est l’épaisseur du trait. L’important pour les compagnies d’assurances, c’est que leurs encours continuent à croître parce que c’est là-dessus que se font leurs résultats », relativise Cyrille Chartier-Kastler, le président du cabinet Facts & Figures. Globalement, l’encours de l’assurance-vie a très légèrement progressé depuis le début de l’année.

Les assureurs sont cependant aujourd’hui dans l’expectative face au doublement annoncé des plafonds du Livret A et du livret de développement durable. « Cela risque de réduire la collecte brute, mais surtout de creuser nettement la situation de collecte nette négative, compte tenu du niveau actuel des taux de rachats », estime Cyrille Chartier-Kastler. Sans compter l’incidence d’un éventuel changement de la fiscalité de l’assurance-vie, qui est aussi dans l’air.