XL a été durement frappé lors de la crise financière. Comment va la compagnie aujourd’hui, trois ans après votre arrivée ?
La crise est derrière nous depuis déjà un bon moment. En fait, le pire était passé pour XL début 2009. Si, en 2008, nous avons accusé une perte nette de 2,5 milliards de dollars, dès 2009 nous sommes revenus dans le vert et l’an dernier nous avons enregistré un bénéfice net de 643 millions de dollars. Nous allons bien.
Mais les catastrophes naturelles vont peser sur les résultats 2011.
Evidemment, les événements du Japon, d’Australie et de Nouvelle-Zélande vont nous coûter 387 millions de dollars, ce qui entraîne une perte opérationnelle de 163 millions de dollars au premier trimestre. Les tornades aux Etats-Unis en avril devraient aussi nous impacter mais dans une moindre mesure. Nous avons déjà dépassé notre budget annuel mais ces pertes restent pour l’instant tout à fait gérables compte tenu de nos réserves. L’important en matière de catastrophes naturelles est de faire une estimation préliminaire aussi précise que possible des impacts ; enregistrer des pertes en rapport avec sa part de marché ; et ne pas dépasser les limites fixées dans les documents remis au régulateur. Sur ces trois points, nous sommes dans les clous. Par ailleurs, nous n’avons pas fixé d’objectif de résultat pour l’année. Nous verrons bien comment se passe le reste de l’exercice.
Ces catastrophes vont-elles générer une hausse des primes ?
On constate des signes de remontée dans certaines poches, en dehors des Etats-Unis du moins. Mais ce n’est pas encore un mouvement général car les courtiers font tout pour éviter des augmentations de tarif à leurs clients. Nous devrions avoir une idée plus précise lors des prochains renouvellements de juin-juillet. En principe, on devrait assister à une montée progressive des tarifs dans les mois qui viennent compte tenu de la dégradation des ratios combinés dans le secteur, mais rien n’est encore sûr. XL en tout cas n’a pas attendu. Alors que le marché de l’assurance-dommages a encore baissé de 5 % à 10 % cette année, nous avons déjà remonté ces prix d’environ 1 % voire de 2 % dans les dernières renégociations.
Quelles sont aujourd’hui vos principales préoccupations ?
Sans conteste, l’enthousiasme persistant pour le renforcement de la régulation partout dans le monde. Nous parvenons à un niveau de contraintes, notamment en matière de fonds propres, exagérément élevé pour les assureurs alors que les régulateurs devraient essentiellement se concentrer sur les banques. Ce sont les banques qui sont à l’origine de la crise et non les assureurs ! Ne vous méprenez pas, je n’ai rien contre les normes de Solvabilité II, elles sont appropriées et je les soutiens. Nous avons participé à leur élaboration en association avec les autorités et les régulateurs. Et pour XL, qui a du capital en excès, les nouvelles exigences en matière de solvabilité ne sont pas un problème. Mais je crains un renforcement global des exigences en fonds propres pour les établissements systémiques.
Mais les discussions sur les établissements systémiques n’incluent pas les assureurs…
Détrompez-vous. Aux Etats-Unis, il y a une vraie possibilité, dans le cadre de la loi Dodd-Franck, que les assureurs soient obligés de respecter les mêmes contraintes que les banques. Nous le saurons d’ici à la fin de l’année probablement. Quant aux discussions internationales sur les établissements systémiques menées par le Comité de Bâle et le Conseil de stabilité financière (CSB), nous ne sommes pas encore complètement sûrs que les assureurs ne seront pas concernés d’une manière ou d’une autre. Nous devrions être fixés d’ici au début de l’automne.
Que craignez-vous précisément ?
Si les assureurs considérés comme systémiques doivent comme les banques renforcer encore leurs fonds propres, cela conduira à un renchérissement du coût du capital et à une concentration du secteur. Ce n’est pas un problème en soi pour XL qui pourrait bénéficier de la réduction du nombre de ses concurrents, mais je pense que l’émergence d’acteurs de plus grande taille serait contre-productive pour le secteur. On aurait davantage de groupes trop gros pour faire faillite -ce qui est quand même paradoxal après la crise -et une capacité d’innovation forcément réduite car les acteurs de taille plus réduite sont généralement les plus créatifs. C’est pour éviter un tel scénario que les assureurs militent auprès du CSB pour un traitement séparé de celui des banques en matière d’établissements systémiques.
Propos recueillis par laura berny, Les Echos