AXA est guetté au tournant demain. Six mois après avoir livré un premier aperçu de son plan stratégique baptisé AXA Ambition, le groupe présidé par Henri de Castries va en donner les détails. Mi-novembre, la présentation de ses principaux objectifs financiers – avec, en particulier, la promesse d’économies de 1,5 milliard d’euros d’ici à 2015, dont 500 millions en assurance-vie et 1 milliard en dommages -avait en effet été accueillie fraîchement par le marché, le titre ayant perdu 4,95 % le jour de l’annonce.

Six mois ont passé et l’assureur français se présente devant les investisseurs en bien meilleure posture, avec un cours de Bourse enfin redressé (+ 15,45 % depuis le début de l’année pour coter à 14,53 euros hier en clôture). «  Le titre a bien performé, mais il reste très loin des niveaux auxquels il devrait être  », objecte cependant un analyste parisien. Pour un autre, la journée de demain «  est un rendez-vous à double tranchant. Si AXA fait une belle prestation, cela peut aider à l’amélioration de la notation du titre. Mais si les investisseurs ne sont pas convaincus, il pourrait y avoir un retour en arrière. »

Trouver le bon équilibre

« Sélectivité », « agressivité », « efficacité » : la nouvelle stratégie d’AXA tient largement dans ces trois mots, martelés par Henri de Castries lors de la présentation des résultats 2010, en février dernier. L’assureur va chercher à « trouver le bon équilibre entre croissance et efficacité et à gérer son capital en fonction de cet équilibre  », en le redirigeant notamment vers les marchés émergents ou des activités spécifiques, comme la santé ou la prévoyance. Cependant, pas question pour AXA de changer son modèle opérationnel, qu’il juge pérenne et solide. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui, comme Jean d’Herbécourt (CA Cheuvreux), ne voient pas AXA« sortir de lapin de son chapeau  » demain, les grands principes d’AXA Ambition ayant déjà été dévoilés.

La journée des investisseurs de novembre en avait cependant laissé plus d’un sur sa faim. L’assureur n’avait pas vraiment détaillé les mesures lui permettant d’atteindre ses objectifs. «  Le geste ne portait pas le verbe. Là, il faut qu’on nous donne des plans d’action. AXA devrait pouvoir présenter des premiers jalons, des premiers résultats, d’autant que le premier trimestre a été plutôt bon », réclame Thomas Jacquet, chez Exane BNP Paribas. «  Les investisseurs attendent avant tout des chiffres, des caps, des balises », complète Danny Jacques,chez Raymond James Euro Equities.

Parmi les sujets sur la table, «  le marché veut un engagement fort et réaliste sur la génération de cash-flow avec l’annonce d’un objectif à moyen terme », affirme Thomas Jacquet. AXA avait promis en novembre un cash-flow disponible de 1 milliard, après paiement du dividende. De l’avis général, la stratégie de développement sur les pays émergents appelle également des éclaircissements. « Peut-être qu’AXA pourrait fixer des objectifs de contribution aux résultats, comme le fait Prudential  », espère un analyste parisien. Thomas Jacquet attend, lui, des objectifs à moyen terme sur les activités asiatiques après la finalisation de l’opération AXA Asia Pacific Holdings et des perspectives sur le partenariat avec la banque chinoise ICBC, «  un projet ambitieux, mais qui n’a pas encore retenu l’attention des investisseurs pour l’instant ».

Les annonces surprises pourraient finalement concerner les marchés matures. « Il pourrait y avoir des innovations en matière de distribution. On sait qu’AXA travaille actuellement beaucoup sur le modèle des groupes affinitaires avec d’autres grandes entreprises françaises  », glisse Thomas Jacquet.

LAURENT THÉVENIN