Le processus de vente de Deniz Emeklilik, la filiale d’assurance-vie turque de Dexia, se rapproche de son terme. Selon nos informations, il reste finalement encore cinq candidats en lice, dont AXA et CNP Assurances. Groupama, dont l’offre figurait parmi les sept présélectionnées, a en revanche été écarté de la course à cause de son prix jugé trop bas. La direction de Dexia devrait arrêter la semaine prochaine une ultime liste de deux finalistes afin de boucler la cession de Deniz Emiklilik d’ici à la fin du mois de juin.

Les jeux semblent encore très ouverts tant la qualité des offres déposées semble importante. La complexité du choix de Dexia se trouve renforcée par le fait que le groupe franco-belge vend en même temps un accord de distribution de produits d’assurance-dommages dans le réseau de Deniz Bank, son établissement bancaire turc. Trois des cinq offres en présence portent ainsi sur les deux activités, les autres n’en ciblant qu’une.

Combinaisons multiples

Les combinaisons gagnantes sont donc multiples : Dexia pourrait signer une cession globale avec un seul candidat ou bien confier chaque activité à des acteurs différents. Les finalistes pourraient aussi s’allier avec un de leurs anciens concurrents pour muscler leur offre. Stefaan Decraene, patron de Dexia Belgique, assurait il y a peu aux « Echos » que la combinaison la plus lucrative pour son groupe serait celle qui l’emporterait.

Sollicités par « Les Echos », les trois assureurs français se refusaient à tout commentaire mais la sortie de Groupama est un coup dur pour le groupe mutualiste. Une telle acquisition lui aurait en effet permis de pallier l’arrêt au début de l’année dernière de son partenariat avec Ziraat Bank, qui lui apportait l’essentiel de ses revenus en assurance-vie dans ce pays. Il lui faut donc repartir en quête d’une solution.

L’intérêt d’AXA pour la Turquie n’est ni nouveau ni étonnant dans la mesure où le groupe dirigé par Henri de Castries a fait des pays émergents son nouveau terrain de chasse. S’il y est déjà le premier acteur en assurance dommages avec 13 % de part de marché via sa filiale AXA Sigorta, il occupe seulement la dixième place en assurance-vie avec 3 % de part de marché. L’assureur a donc soumis une offre globale avec l’espoir de se renforcer.

Quant à CNP Assurances, l’acquisition de Deniz Emiklilik serait l’occasion de mettre un pied dans un marché en pleine expansion tout en complétant son maillage du pourtour méditerranéen. Le groupe est déjà présent en Italie (son premier marché en dehors de la France), en Espagne et à Chypre. Le premier assureur de personnes français tire 19 % de son chiffre d’affaires à l’international et, surtout, 40 % de son résultat brut d’exploitation. Son offre globale sur la compagnie d’assurance-vie et sur la distribution de produits d’assurance-dommages lui offrirait un levier de croissance évident.

Ninon Renaud et Laurent Thévenin, Les Echos