Le fléchage de l’assurance-vie vers les entreprises non cotées reste difficile
S. P.
Le gouvernement veut orienter l’épargne vers les entreprises. Des professionnels font toutefois la moue devant l’une des mesures annoncées pour flécher une part de l’assurance-vie vers le non-coté.
Certains professionnels de l’investissement ne cachent pas leur scepticisme. L’une des mesures annoncées par le gouvernement pour faciliter le financement des entreprises risque, selon eux, d’avoir très peu d’effet. Dans le cadre
du projet de loi Pacte
destiné à réorienter l’épargne vers le financement des entreprises, le gouvernement a fait savoir qu’il comptait favoriser le développement des unités de compte
d’assurance-vie
investies dans les fonds professionnels de capital-investissement (FPCI). « Ces fonds permettront d’accroître les investissements dans des entreprises à forte performance, notamment de la French Tech », a fait valoir le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, à la fin du mois de mars. Sans se risquer à des pronostics sur les fonds ainsi drainés, un professionnel du « private equity » salue « une possibilité supplémentaire de financement en fonds propres des PME et ETI ». En revanche, d’autres assurent que la mesure ne devrait pas permettre de mobiliser l’énorme gisement d’épargne qu’est l’assurance-vie. La raison ? Les fonds professionnels de capital-investissement ciblés par la mesure sont réservés à un nombre limité d’investisseurs. « Le vrai besoin qu’on a, c’est de démocratiser notre classe d’actifs pour permettre au plus grand nombre d’investir en capital-investissement », réagit Jean-David Haas, directeur général de la société de capital-investissement NextStage AM. « C’est un outil supplémentaire, mais qui s’inscrit dans la lignée de ce qui existe déjà, c’est-à-dire des fonds de capital-investissement non liquides réservés aux clients avertis », explique un assureur. Celui-ci estime que la mesure devrait accroître l’encours des unités de compte en capital-investissement de 5 millions d’euros au maximum, alors qu’il s’élève à environ 100 millions d’euros aujourd’hui. Et d’ironiser : « Il nous semble y avoir un petit décalage entre les ambitions et la mesure proposée. »

Pas de valeur ajoutée forte
Le capital-investissement a beau être une classe d’actifs intéressante sur le papier, son caractère illiquide lié à une durée d’investissement minimale de quelques années peut poser problème pour les clients particuliers et, a fortiori, pour leurs assureurs. De leur côté, tous les professionnels du capital-investissement ne souhaitent pas traiter avec des investisseurs particuliers. Autant d’éléments qui expliquent que les unités de compte investies dans du « private equity » soient peu développées et généralement réservées à des clients fortunés,
même si des offres plus accessibles émergent
. Pour démocratiser le capital-investissement auprès de leurs clients, les assureurs avaient proposé la création d’un nouveau type d’unités de compte se voulant liquide et accessible au grand public. Bercy n’a cependant pas été convaincu de la valeur ajoutée du dispositif.
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