A moins d’une énorme surprise de dernière minute, un nouveau géant américain et mondial de l’hôtellerie est sur le point de se dresser avec la fusion attendue de Marriott International et de Starwood Hotels & Resorts Worldwide. Alors que les actionnaires des deux groupes sont appelés à l’entériner ce vendredi, plus rien ne s’oppose désormais à l’émergence du premier opérateur, le premier aussi à réunir plus de 1 million de chambres sous une trentaine d’enseignes.
Parti à l’assaut de Starwood Hotels il y a moins d’un mois, l’assureur chinois Anbang, épaulé par les sociétés de capital-investissement américaine J.C. Flowers et chinoise Primavera Capital, a soudainement jeté l’éponge. Lundi dernier, le consortium sino-américain avait pourtant porté une troisième estocade, en relevant à près de 14 milliards de dollars le montant de sa contre- OPA, quand l’offre mixte – échange d’actions et numéraire – revalorisée de Marriott s’élevait alors à 13,6 milliards. Un montant ramené vendredi aux alentours de 12,6 milliards de dollars avec la chute des cours de Bourse de Starwood Hotels et de Marriott, suite au retrait de Anbang.
Puissance de feu
Le conseil d’administration et la direction de Starwood n’a pas cessé de défendre le projet de mariage avec Marriott, annoncé en novembre dernier. Dans un contexte de consolidation de l’hôtellerie mondiale, bousculée par les grandes plates-formes de distribution électronique, par les acteurs de l’intermédiation entre particuliers – les Airbnb et consorts -, mais aussi par des opérateurs chinois en quête d’internationalisation, l’ensemble Marriott International-Starwood Hotels a, il est vrai, une puissance de feu sans équivalent pour les catégories allant du milieu de gamme au luxe.
Parmi les 19 marques de Marriott, figurent notamment Ritz-Carlton, JW Marriott, Renaissance, Marriott ou Moxy, développée en partenariat avec le holding de contrôle d’Ikea. De son côté, Starwood Hotels en opère 11, dont St. Regis, The Luxury Collection, un réseau dont fait partie notamment le Prince de Galles à Paris, W, mais aussi Le Méridien ou Sheraton. Et si ce mastodonte, qui a déjà la bénédiction des autorités de régulation américaines, est d’abord puissant aux Etats-Unis, il profite de complémentarités dans le monde entier.
En conséquence, il est de nature à pousser plus loin encore la consolidation sectorielle. Car, le nouvel ensemble, détenu à 66 % par les actionnaires de Marriott, dépasse d’emblée l’américain Hilton, qui vient de ravir la place de numéro un mondial au britannique InterContinental Hotels Group. Et si la taille n’est pas tout, il est tout de même deux fois plus gros que le champion français et sixième acteur, AccorHotels, lui même sur le point d’avaler les chaînes de luxe Raffles, Fairmont et Swissôtel.
AccorHotels pourrait être d’autant plus au centre du jeu que le Chinois Jin Jiang, qui a acheté l’an dernier son premier concurrent domestique, Louvre Hotels Group, s’est invité à son tour de table. Depuis début février, Jin Jiang est même son premier actionnaire avec une part déclarée de 11,7 %. Or, le Qatar, qui doit acquérir 10,5 % du capital d’AccorHotels en contrepartie de la cession de Fairmont, Raffles et Swissôtel – le prince saoudien Al Waleed en prenant simultanément 5,8 % – semble favorable à un grand rapprochement planétaire…
Christophe Palierse, Les Echos

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