Une amende record pend au nez de Deutsche Bank dans la titanesque affaire de manipulation du taux de référence interbancaire Libor. La première banque allemande pourrait accepter de payer au moins 1,5 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros) aux autorités britanniques et américaines, ont rapporté des organes de presse avant le week-end. La somme évoquée dépasserait celle de 1,5 milliard de dollars payée dans la même affaire par le suisse UBS. Mais le pire semblant pour l’heure évité, les marchés ont peu réagi vendredi, l’action gagnant même 0,27 %, à 33,09 euros.

Le scandale visant les taux comme le Libor et l’Euribor est à ce jour le plus important risque judiciaire supporté par la banque allemande. Celle-ci indiquait vendredi qu’elle était encore en lien étroit avec les autorités enquêtant sur cette affaire. Si un accord devait tomber en avril, comme le suggèrent des sources, ce serait ainsi autant de ciel dégagé à l’horizon pour les deux coprésidents, Anshu Jain et Jürgen Fitschen, qui travaillent ces dernières semaines d’arrache-pied pour définir une nouvelle stratégie destinée à faire durablement décoller le cours de l’action.

Aussi, les marchés voient plutôt d’un bon oeil l’imminence d’un accord financier scellé des deux côtés de l’Atlantique. L’analyste Philipp Hässler, chez Equinet Bank, juge « positif dans le principe,qu’une banque puisse se débarrasser d’une procédure judiciaire ». Deutsche Bank a constitué à ce jour 3,2 milliards d’euros de provisions pour couvrir ses risques judiciaires, dont l’affaire Libor. D’autres litiges importants sont pendants, comme la manipulation supposée de devises et la violation des règles d’embargo américain.

Ce n’est d’ailleurs pas la première amende que Deutsche Bank aura à payer dans l’affaire du Libor, après avoir déjà réglé 725 millions d’euros fin 2013 à la Commission européenne. En termes de conséquences personnelles, l’affaire a mené au limogeage de quelques traders, dont le Français Christian Bittar, mais sans aller plus haut dans la hiérarchie. Le gendarme financier allemand BaFin a aussi enquêté sur l’affaire et devrait remettre son rapport avant l’été. Des fuites ont déjà laissé entendre qu’aucune sanction ne viserait l’exécutif de la banque. 

Jean-Philippe Lacour, Les Echos
Correspondant à Francfort