C’est la fin d’un vrai-faux suspense. Depuis longtemps, le courtier britannique Willis ne fait pas mystère de son intérêt à monter à 100 % au capital de son homologue français Gras Savoye, dont il possède un peu plus de 30 %. Mais il n’avait pas encore exercé l’option d’achat qu’il détenait. Mercredi soir – après la fermeture des marchés américains -, le troisième courtier mondial s’est enfin dévoilé et a déposé une offre ferme d’acquisition. Pour s’octroyer les 70 % manquants, Willis est prêt à débourser 550 millions d’euros, dont 40 millions de refinancement de dette bancaire. L’acquéreur – qui compte 18.000 employés – n’a pas encore défini le montage : il dispose d’une ligne de crédit déjà existante de 800 millions de dollars, mais pourrait aussi se tourner vers les marchés obligataires.

Seul élément de surprise, le britannique va plus vite que prévu, puisqu’il vise une clôture pour la fin de l’année 2015, alors que son option d’achat lui permettait d’aller jusqu’à la mi-2016. Le signe, selon les parties prenantes, de la détermination du groupe britannique.

L’opération, qui se dessine enfin, est parfaitement logique sur le fond : les deux groupes sont de vieilles connaissances, et se côtoient depuis quarante ans. au sein d’un réseau de courtiers. Surtout, cela fait dix-huit ans que Willis est entré au capital de Gras Savoye. De plus, à en croire les deux fiancés, le nouvel ensemble est très cohérent. Notamment, il permettra aux 3.900 salariés de Gras Savoye de mieux accompagner ses grands clients à l’international et offrira à Willis un débouché sur le grand marché français, ainsi que sur l’Europe centrale et de l’Est, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Avant d’en arriver là, l’approbation des autorités de la concurrence est nécessaire, ainsi que celle des autres actionnaires (le fonds Astorg et les familles fondatrices). Là aussi, le suspense sera très limité. 

Edouard Lederer, Les Echos