Plus que jamais, dans un environnement difficile pour leurs métiers historiques, les établissements de crédit veulent s’imposer comme des bancassureurs. A la recherche de relais de croissance, les grandes banques se tournent en effet de plus en plus vers les métiers de l’assurance, dont elles n’ont pas manqué de souligner la forte dynamique – tirée notamment par l’international – et la contribution croissante dans leurs résultats 2014. « Les produits d’assurance génèrent du produit net bancaire avec une faible mobilisation du capital. Ils sont donc très intéressants en termes de RoE [retour sur fonds propres] », explique Jean-Christophe Gard, associé au Boston Consulting Group.

A titre d’exemple, les revenus de la banque de détail en France de  BNP Paribas ont reculé de 1 % l’an dernier. Les revenus d’intérêt ont baissé de 0,5 %, dans un environnement de taux très bas ; et les commissions ont décru de 1,7 %, à la suite de la législation sur le plafonnement des commissions d’intervention (dépassement d’un découvert). Par ailleurs, comme dans la plupart des banques, les encours de crédits sont en repli, dans un contexte de croissance économique toujours très faible. En regard, le chiffre d’affaires de sa filiale d’assurance BNP Paribas Cardif a progressé de 8,5 % l’an dernier (lire ci-contre). Une croissance que le groupe entend accompagner en recrutant dans ses métiers assurance.

Poids lourd du secteur, en particulier dans l’Hexagone, Crédit Agricole Assurances a dégagé de son côté un chiffre d’affaires « record » de 30,3 milliards d’euros en 2014 (+ 15 %). Et son résultat net part du groupe de 1 milliard d’euros est en hausse de 4,7 % hors élément non récurrent, quand, dans le même temps, le résultat net part du groupe de la banque de proximité en France (caisses régionales et LCL) a reculé de 4,6 %, à 4,1 milliards d’euros.

La Société Générale connaît elle aussi un « développement soutenu » dans l’assurance, dont le chiffre d’affaires a progressé de plus de 12 % en 2014, alors que les revenus de la banque de détail en France ont reculé de 1,9 %. Quant au Crédit Mutuel, pionnier de la bancassurance dès 1971, l’assurance contribue déjà pour plus de 30 % au résultat net part du groupe. Sur ses 30 millions de clients, plus de 13 millions ont à la fois des produits bancaires et des assurances. L’an dernier, le groupe mutualiste a vu le chiffre d’affaires de ses activités d’assurance bondir de 8,5 % (à 15,7 milliards d’euros), avec un résultat net en hausse de plus de 11 %, alors que le bénéfice net de la banque de détail a progressé de moins de 1 %.

 

C’est pour diversifier ses activités et tirer profit du moteur de croissance des métiers de l’assurance que BPCE s’est fixé fin 2013 comme objectif de s’imposer comme le deuxième bancassureur du marché français, derrière le Crédit Agricole, avec la constitution d’un pôle unique d’assurances au sein de sa filiale Natixis. De son côté, La Banque Postale continue sa montée en puissance dans l’assurance, avec le lancement la semaine dernière de son offre en santé collective.

Historiquement développés sur l’assurance-vie, dont ils détiennent plus de 60 % de parts de marché, les bancassureurs poursuivent année après année leur marche en avant en auto et habitation. « C’est un des modèles de distribution les plus efficaces », souligne Jean-Christophe Gard. Tous les voyants semblent au vert pour les bancassureurs, qui sont loin d’avoir saturé le portefeuille de clients de leurs maisons mères. D’autant que la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise ouvre des perspectives sur un marché nouveau pour elles. 

Véronique Chocron, Les Echos
Laurent Thévenin, Les Echos