Le crash de Germanwings va coûter cher à Lufthansa et à ses assureurs. La compagnie allemande a fait savoir hier que les assureurs, regroupés dans un consortium mené par Allianz, avaient provisionné une somme de l’ordre de 300 millions de dollars (279 millions d’euros). La grande inconnue reste le montant des indemnisations qui devra être versé aux proches des victimes, compte tenu des circonstances de la catastrophe.

La somme de 300 millions de dollars se partage en fait entre deux polices d’assurance distinctes, a indiqué un porte-parole de la compagnie aérienne. La majeure partie de cette somme servira à indemniser les ayants droit des passagers qui ont péri dans le crash, au titre de la couverture pour la responsabilité civile. Le reste servira à couvrir la perte de l’Airbus A320, âgé de vingt-quatre ans, et valorisé selon l’agence AM Best à 6,5 millions d’euros.

Dans le milieu de l’assurance, on estime que l’indemnisation des proches des victimes pourrait s’élever au minimun à 150 millions d’euros. Ce qui représenterait 1 million d’euros par passager. Un ordre de grandeur basé sur la catastrophe du Concorde près de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en l’an 2000. Le fait que les assureurs concernés par le vol Germanwings aient mis le double de côté laisse supposer qu’une longue bataille d’experts va se dérouler devant les tribunaux.

Une bataille qui pourrait se nourrir des révélations, mardi soir, sur la connaissance qu’avait la Lufthansa de la fragilité psychologique passée du copilote. Lors de sa formation en 2009, Andreas Lubitz avait en effet indiqué au centre de formation de la compagnie avoir traversé un « épisode dépressif sévère ». Cette information n’avait pas empêché le jeune pilote d’obtenir sa licence et d’être recruté par Germanwings.

Si la responsabilité de Lufthansa n’était pas engagée dans le crash de l’avion, la réparation pour chaque passager s’établirait à un plafond de 100.000 DTS, soit 128.300 euros, indiquent des spécialistes. Mais ces réparations pourraient grimper si une forme de négligence de la compagnie était établie (lire ci-dessous). La question est de savoir comment un pilote, qui a connu dans le passé un « épisode dépressif sévère », a pu continuer à s’installer dans un cockpit d’avion. Lufthansa devra répondre aux critiques sur le suivi psychologique dans le temps de son pilote, mais aussi certainement sur l’absence de réflexion sur la double présence permanente dans le cockpit, qui est déjà appliquée par d’autres compagnies. 

Jean-Philippe Lacour, Les Echos
Correspondant à Francfort