C’est une nomination qui risque de déstabiliser CNP Assurances. A la recherche d’un remplaçant à Jean-François Lequoy, son ancien délégué général parti diriger le grand pôle d’assurance en cours de construction chez BPCE, la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) a, en effet, sélectionné, parmi une dizaine de candidats, deux assureurs de premier plan, comme l’a révélé la semaine dernière « L’Argus de l’assurance ». Selon nos informations, c’est Thomas Saunier, membre du comité de direction générale de Generali France, qui tiendrait la corde face à Antoine Lissowski, directeur général adjoint et directeur financier de CNP Assurances.

Le nom du futur délégué général devrait être validé ce mardi par la commission exécutive de la FFSA. Generali France n’a pas souhaité faire de commentaire, tandis que chez CNP Assurances, on indiquait lundi « qu’au cas où il ne serait pas retenu, Antoine Lissowski poursuivrait normalement ses fonctions et sa mission au sein de l’entreprise ».

Les velléités de mouvement de celui-ci étaient prévisibles. En 2012, cet énarque de cinquante-sept ans passé par la Caisse des Dépôts avait été candidat au poste de directeur général, mais le conseil d’administration du premier assureur-vie français lui avait préféré Frédéric Lavenir, l’ancien directeur des ressources humaines de BNP Paribas. Il n’en reste pas moins que l’officialisation des velléités d’Antoine Lissowski est « en soi un mauvais signal pour le groupe »,déplore un bon connaisseur de CNP Assurances.

Le numéro deux du groupe est, en effet, l’un de ses rouages essentiels depuis plus de dix ans et sa candidature à la FFSA intervient alors même que l’assureur doit rediscuter avec ses deux distributeurs en France, les Caisses d’Epargne et La Banque Postale, de la suite de leurs accords commerciaux respectifs au-delà de leur échéance du 31 décembre 2015.

La partie s’annonce très serrée avec le groupe bancaire BPCE, qui a annoncé l’automne dernier qu’à partir de 2016 il produirait lui-même les nouveaux contrats d’assurance-vie vendus aux guichets des Caisses d’Epargne. Selon nos informations, des discussions informelles portent sur les conditions d’un transfert progressif de l’activité épargne vers BPCE. « L’enjeu est de fixer avant toute ouverture formelle des négociations un schéma clair et précis, et les règles du jeu », explique une source.

Autrement dit, il n’est pas question que la CNP laisse BPCE vider les contrats anciens, qui resteront la propriété de l’assureur, pour en transférer les avoirs sur de nouveaux contrats maison. Les parties envisagent en parallèle d’autres partenariats dans les domaines de la prévoyance, de l’assurance collective et de l’assurance-emprunteur, autant d’activités plus créatrices de valeur que l’assurance-vie pour CNP Assurances. «  Mais rien ne dit que ces pistes se concrétiseront », prévient une source proche. Préparer dans ce contexte le départ à plus ou moins court terme d’Antoine Lissowski complique la tâche du groupe.

Ninon Renaud, Les Echos
Laurent Thévenin, Les Echos