L’assurance-vie signe un beau redémarrage en ce début d’année. L’autre « placement préféré des Français » – avec le Livret A – a attiré 2,3 milliards d’euros de collecte nette pour le seul mois de mars, selon les données communiquées lundi par l’Association française de l’assurance (AFA).

Pour rappel, la collecte nette est calculée en retirant les prestations versées par les assureurs des dépôts qu’ils ont perçus. La performance de mars fait quasiment jeu égal avec celle du mois précédent (2,4 milliards d’euros de collecte nette en février) et poursuit la tendance positive à l’oeuvre depuis le mois de janvier. Au total, et en net, l’assurance-vie est donc parvenue à collecter 6,1 milliards d’euros auprès des épargnants au premier trimestre.

L’explication se trouve d’abord du côté de la collecte plutôt dynamique : depuis janvier, les Français ne versent pas moins de 11 milliards d’euros chaque mois sur leurs contrats d’assurance-vie. C’est un niveau relativement élevé et qui n’a été dépassé qu’en janvier 2013, la collecte frôlant alors les 13 milliards d’euros. En ce début d’année, les Français continuent de jouer la prudence et maintiennent l’effort. Cette attitude « écureuil » des épargnants se confirme aussi du côté du Livret A, qui a obtenu une collecte nette positive de 2,1 milliards d’euros au premier trimestre (« Les Echos » du 24 avril). La bonne tenue simultanée de ces deux produits d’épargne est intéressante à noter, puisque c’est parfois l’inverse qui se produit : les deux champions de l’épargne ont plutôt tendance à jouer les vases communicants.

La bonne tenue des dépôts est nécessaire à la vigueur de la collecte nette, mais en aucun cas suffisante. Pour illustration, en avril et en juillet 2013, malgré des dépôts pourtant très dynamiques, la collecte nette s’était avérée plus faible qu’aujourd’hui. L’explication est à trouver du côté des prestations versées : lors de ces deux mois de 2013, les Français avaient retiré respectivement les sommes de 9,3 et 9,7 milliards d’euros. Ce mouvement s’était encore amplifié en décembre 2013 avec 12,1 milliards d’euros retirés, conduisant alors à une collecte nette largement négative. Mais, depuis lors, les retraits n’ont cessé de refluer, passant à 9,9 milliards d’euros en janvier, à 8,8 milliards d’euros en février et à 8,7 milliards en mars. On peut y voir, là aussi, un signe supplémentaire de prudence de la part des épargnants. « Les prestations et rachats baissent de 5 % confirmant la prudence des ménages français, qui reportent leurs dépenses d’investissement, en particulier dans l’immobilier »,explique l’économiste Philippe Crevel.

Entre les lignes, la grande prudence des Français n’explique pas tout.« L’encours des contrats d’assurance-vie et de capitalisation est [aussi]imputable aux bons résultats boursiers », ajoute Philippe Crevel. Les contrats en unités de compte – plus risqués et rémunérateurs que le fonds en euros – bénéficient de l’effet « cours de Bourse », qui vient gonfler les encours, mais aussi du versement de dividendes qui s’ajoute aux « vrais » versements des épargnants sur ce type de support.